Sophie Weber, le choix du transport

Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 15 juillet 2020

Sophie Weber est tombée dans le transport quand elle était petite. Mais ce n’est qu’en 2014 qu’elle reprend l’entreprise paternelle. Si elle est restée dans la continuité de son père, cette dirigeante – à la tête d’une cinquantaine d’employés – a su faire accepter son propre management, plus moderne, à ses équipes.

«Ma maman, Chantal, a tout fait pour me dissuader d’en faire mon métier»
Son papa était un passionné de la route, du transport. Il fonde Weber Transports en 1973. Sophie, elle, forcément, tombe dedans toute petite. « Ma maman, Chantal, a tout fait pour me dissuader d’en faire mon métier, se souvient, en souriant, Sophie Weber. Après, j’ai peut-être aussi choisi cette voie pour voir un peu plus mes parents… » Sophie Weber s’engage dans un Bac comptabilité/gestion, un DUT Gestion Logistique et Transport, suivi d’une année en Angleterre pour combler la lacune de la langue. A son retour, Sophie Weber travaille deux ans dans le frêt maritime et aérien en tant que commerciale. « Au bout de deux ans, papa me demande de le rejoindre. C’était en 2002. Je devais développer le commerce et je l’assistais dans tout ce qui débordait. J’ai quand même fini par apprendre le métier de la route. Quand tu es une fille, tu en restes éloignée. Tu ne pars pas en atelier mécanique le samedi matin ou sur la route alors que lorsque tu es un garçon, le fils de…, tu as le droit de mettre les mains dans le cambouis… ».

2007, les années de crise
Avant même de prendre les rennes de l’entreprise en 2014, c’est aux côtés de son père que Sophie Weber traverse sa première crise. « Nous avons dû réduire notre activité, mettre en place un plan de redressement auprès de nos créanciers. Mais nous avons surtout continué à respecter nos hommes et nos équipes pour qu’ils continuent à nous faire confiance. Je secondais papa, mais c’est lui qui a pris le plus de coups ». En 2011 arrive l’éclaircie. « C’était trois ans de galères. Nous n’étions pas assez diversifiés, nous nous reposions de trop sur l’industrie automobile qui a souffert dès 2007… Quand nous avons passé ce cap, j’ai su que nous étions prêts à tout affronter. C’est la meilleure école. Et le dicton “ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort”, a pris tout son sens ».

«L’Homme a une place centrale, dans ma façon de diriger l’entreprise»
A la reprise, le plus compliqué, pour Sophie Weber, a été de sortir de l’ombre de son père, de passer au-delà des comparaisons, aussi. « Le plus compliqué n’a pas été d’être une femme dans ce milieu, mais la fille de… Papa, comme moi, nous avons la chance d’avoir Chantal, ma maman. Elle a toujours été dans son ombre, elle aussi, elle a pourtant travaillé avec lui en s’occupant en plus, de ma sœur et moi. Aujourd’hui encore, elle m’aide énormément. J’ai souvent ce débat là, avec les transporteurs hommes… Eux, n’ont pas à accrocher leur machine à 22h, une fois qu’il se sont occupés de leurs enfants! Nous, femmes chefs d’entreprise, nous devons gérer nos deux quotidiens… ». Si Sophie Weber s’est inscrite dans la continuité, elle a su amener une touche moderne au management de ses hommes. « L’Homme a une place centrale, dans ma façon de diriger l’entreprise », souligne-t-elle. Une façon de faire, apprise au cours de ses différentes formations. « Papa a toujours voulu que je continue de me former, pour ne pas m’isoler. J’ai intégré l’école des managers qui m’a beaucoup apporté, surtout en temps de crise. C’était à la fois enrichissant et à la fois frustrant, parce que j’avais les clés pour que l’entreprise aille mieux, mais pas le moyens nécessaires… ».

3,5 millions d’euros d’investissement pour s’installer à Cernay
Sophie Weber a sorti les Transports Weber de la vallée de Saint-Amarin avec un nouveau site installé à Cernay. Deux ans de travail, entre le terrain à trouver et les financements à débloquer. Un transfert de 53 emplois sur la zone pour un budget total de plus de 3,5 millions d’euros d’investissements. « Il a fallu compter neuf mois de chantier, mais la fierté aujourd’hui, de nous trouver dans des locaux adaptés à notre activité! » Les Transports Weber disposent de 28  700 m2 de terrain et 3  700 m2 de bâtiment, dont 3  000 m2 de surface d’entreposage avec une hauteur de stockage de 10 m de haut et 4  000 emplacements palettes. 300 m2 sont destinés aux bureaux et 400 m2 aux ateliers de mécanique. Le site de Cernay dispose également d’une station gasoil en interne. « Nous avons la capacité de tripler la zone de stockage, souligne la dirigeante. C’est un projet que j’aimerais d’ailleurs mener par tranches, sur trois ans. Je n’ai pas de folies de grandeurs! Je veux que nous continuions à fournir une prestation de qualité, en raisonnant en termes de qualité et de sécurité ». Sophie Weber s’oriente également vers le développement de prestations dans les matières dangereuses. Les Transports Weber réalisent aujourd’hui un chiffre d’affaires de 6,5 millions d’euros. Un chiffre d’affaires qui a progressé de 10% sur les deux dernières années.

Emilie Jafrate

Weber Transports et Logistique
4C rue de l’Industrie, Cernay
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