Prospective : Quel avenir pour l’E3 avec la liaison rapide avec la gare de Strasbourg ?
Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 6 juillet 2013
Dans deux ans, l’E3 sera à 2h05 de la gare de l’Est (1h50 en TGV et 15 minutes en bus à haut niveau de service en site propre). Quels changements cette accélération du trajet avec la capitale peuvent-ils entraîner, assistera-t-on à un développement exogène ou endogène ? Le Périscope a posé ces questions à Laurence Lutz, en charge du département bureaux chez DTZ E3, dans la perspective de l’inauguration de la ligne de BHNS le 30 novembre.
Le Périscope : En quoi la facilité d’accès de l’E3, qui sera fortement accrue dans les mois à venir, est de nature à changer la perception de l’espace ?
Laurence Lutz : Je crois d’abord qu’il faut rappeler que l’E3 est le plus grand site tertiaire de l’agglomération strasbourgeoise, et même bien audelà. Son attractivité n’a dans un premier temps pas été conditionnée par le réseau de transport public. L’espace s’est doté de services dont bénéficient ses usagers, mais il reste vrai que la facilité d’être joint ou de joindre clients, prospects et partenaires est devenu au fil des ans une priorité, compte tenu aussi des changements dans les pratiques de mobilité et des attentes des usagers et visiteurs.
La proximité des liaisons TGV – vers Paris, et aussi Lyon, Francfort, etc. – peuvent-elles accroître l’attractivité de l’E3 ?
LL : Aucune étude en France ne permet de corréler directement le développement d’une ville à des jonctions TGV. A contrario, Toulouse qui n’est desservi par aucun TGV reste une ville jugée extrêmement attractive. Si développement il y a, il dépend de facteurs complémentaires à la connexion à grande vitesse, comme les services et équipements de l’espace concerné, la qualité de son offre immobilière et foncière, des entreprises qu’elle héberge, etc. Il reste qu’à partir du moment où les liaisons existent, une agglomération peut en profiter à partir du moment où elle dispose d’offres de quartiers d’entreprises de qualité. Et de ce point de vue, nous savons que nos prospects recherchent en priorité des lieux d’implantations à faible temps de trajet de la gare TGV. Ce sera le cas de l’E3 à compter de décembre et c’est une grande nouveauté.
Les TGV roulent dans les deux sens. N’y a-t-il pas de danger à voir des investisseurs parisiens rester dans la capitale, plutôt que de s’implanter ici, vu la rapidité des trajets ?
LL : On ne peut pas dire que ce risque est inexistant, mais l’attractivité d’un espace ne se mesure pas uniquement à ses connexions aux trains à grande vitesse. Le BHNS va relier l’E3 à la gare, donc au maillage de trains régionaux qui intéressent usagers et employés de l’espace, ainsi que l’aéroport. Celui-ci propose aussi des vols de plus en plus attractifs et cela peut aussi intéresser des investisseurs, qui peuvent privilégier la facilité et la rapidité des relations qu’offre cet aéroport. Je pense que la liaison rapide et moderne entre l’E3 et la gare va asseoir la notoriété de l’E3.
Propos recueillis par Didier Bonnet