Philippe Sammaciccia transforme les rebuts industriels en œuvre d’art

Édition : Colmar - 3 février 2023

C’est dans l’ancienne filature Gast, bâtiment aux allures de manoir médiéval situé au cœur d’Issenheim que Philippe Sammaciccia a ouvert « L’Empreinte », il y a trois ans. Dans son atelier attenant au showroom, il crée à partir de rebuts industriels des pièces de décoration uniques, jouant sur l’ombre et la lumière.

Ce n’est pas vraiment un parcours linéaire qu’a suivi cet ancien barman au BEP d’électro technicien, passé par les métiers de bouche avant de concevoir des bars pour les professionnels. En 2010, crise oblige, il bifurque et devient commercial. Il vend alors de l’éclairage led aux industriels, et trouve l’inspiration durant ses visites en clientèle dans les pièces destinées au rebut : en métal, en pierre ou en bois, la matière brute abonde. «Tant que je n’ai pas le matériau en main, je ne sais pas ce que j’en ferai », confie l’artiste.
Il installe une planche et deux tréteaux dans le garage de ses parents et se lance. Mêlant un intérêt pour la lithothérapie à ses connaissances en tant que professionnel de l’éclairage, Philippe met en lumière une pièce de labradorite de Madagascar, minéral aux reflets bleus, comme si elle était éclairée par le soleil de midi. Sa première pièce est née.

Dans son atelier, un inventaire à la Prévert

Il s’installe en 2019 à Issenheim, dans une partie de l’ancienne filature Gast. Dans son atelier, un joyeux pêle-mêle rassemble anciennes balances à aiguilles, vieux extincteurs, chutes métalliques, distributeurs de bonbons, chutes de découpes laser, pièces en cours de réalisation, chiffons et matériel de soudure. Un inventaire à la Prévert…
«L’endroit n’est pas chauffé, ni vraiment isolé», explique notre hôte. «Et c’est préférable car mon pinceau est un chalumeau qui chauffe à 1700 degrés, et ma meilleure copine une disqueuse. Les procédés de fabrication dégagent pas mal de fumée ».

Sculpteur de lumière

A partir de boules ou de cylindres d’acier que sont des extincteurs, Philippe découpe au plasma à travers l’acier les motifs géométriques d’où jaillira la lumière. Au final, une suspension, ou une lampe au sol. Un travail minutieux qui nécessite une concentration extrême. « Après un long travail de préparation de la pièce et son environnement, je me mets en mode méditatif pour travailler » explique le créateur. Et le résultat est surprenant.
Dans le showroom, visitable sur rendez-vous, Philippe maîtrise le jeu de l’ombre et la lumière. Suspensions, lampes de salon, accroches murales : Chaque pièce raconte les nombreuses heures de travail, jusqu’à 100 heures pour certaines. Chaque objet projette une lumière travaillée dans le détail, lance au plafond des motifs par milliers ou saisit l’observateur par un jeu intelligent de projection au mur ou au sol. De l’ombre jaillit la lumière. A moins que ça ne soit l’inverse…

Pourquoi « L’Empreinte » ? Parce que ça chauffe les doigts ?

«J’ai choisi d’appeler ce lieu « L’Empreinte » parce que chaque empreinte que nous laissons est unique. C’est pareil pour le fruit de mon travail, je veux laisser mon empreinte » explique l’artiste. Il expose d’ailleurs en collaboration avec d’autres artistes, peintres, sculpteurs ou photographes. Dans ce lieu d’exposition permanent à Issenheim, Philippe Sammaciccia réunit de temps en temps d’éventuels acheteurs ou promoteurs autour de dégustations Gastronomiques, mêlant ainsi les différents accords artistiques : Hommes, esthétique, mets et vins. En attendant de pouvoir ouvrir au grand public, il aimerait un jour faire du lieu un point de rencontre culturel, et pourquoi pas une résidence d’artiste ?

Sophie C.

L’empreinte
Philippe Sammaciccia
9 rue de Cernay, Issenheim
06 34 13 28 32
philippesam68@gmail.com