L’ED&N à Sausheim fête ses dix ans
Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 10 septembre 2018
Dix ans que ça dure et quasiment avec la même équipe constituée autour de son directeur Pierre-Jean Ibba. L’ED&N s’est installée dans le paysage des salles de spectacles avec cette incroyable capacité à proposer une programmation baroque, bigarrée, intergénérationnelle. Petit avant goût des dix bougies qui vont être soufflées : Manu Dibango, Christophe Willem, Tommy Emmanuel, Kev Adams, L.E.J ou encore Dr Boost.
Il y a dix ans, le maire de Sausheim, Daniel Bux a souhaité avec son équipe municipale la construction et la mise à disposition du public d’une salle dédiée aux associations locales mais ayant aussi une vocation “festive” c’est-à-dire le fait de pouvoir proposer des têtes d’affiches de notoriété nationale. « Moi je n’étais pas encore dans le circuit, se rappelle Pierre-Jean Ibba, le directeur, j’étais dans l’événementiel artisanal et le théâtre. J’appartiens au collectif Mots-En-Bouche, qui regroupe des compagnies théâtrales, des gens du spectacle, des musiciens, des chanteurs et nous organisons des événements. Je pense que mon profil intéressait ». En dix ans l’équipe a fait du site « un lieu où les gens peuvent de manière qualitative venir écouter, voir des spectacles en tout genre. La majorité des spectacles sont des têtes d’affiches nationales, mais nous avons aussi une programmation d’artistes locaux. L’ED&N est un lieu festif ». Parallèlement la salle est ouverte aux entreprises et comités.
Aujourd’hui, l’ED&N, c’est une cinquantaine de spectacles par an (pour les dix ans il y en aura 65 avec l’ouverture le 6 octobre par Manu Dibango) et une quarantaine d’événements privés. La structure (association de gestion) est subventionnée entre 34 et 38% du chiffre d’affaires annuel ce qui représente environ 340 000 €. Avec l’autofinancement, l’ED&N tourne autour du million d’euros (subventions, billetterie, location privée, partenariats et mécénat dans le cadre du soutien aux artistes locaux).
Le petit Zénith de l’agglomération
L’ED&N a su, au fil des ans, trouver sa place dans un univers particulièrement difficile. La salle a d’ailleurs plusieurs surnoms auprès des productions comme “le petit Zénith mulhousien”, “la petite smac” (scène de musiques actuelles), la petite salle de Sausheim… « En fait, nous sommes une salle adaptée aux artistes qui passent par chez nous. En assis, nous sommes à mille places, en assis-debout, nous avons 1 850 places et nous pouvons monter à 2 500 en tout debout ». Le force de l’ED&N c’est sans aucun doute cette capacité de faire le grand écart d’un soir à l’autre entre Sheila et Trust, de passer d’Ange à Marikala, de Michel Leeb à l’orchestre de la Légion Etrangère… « Nous faisons souvent ce que personne ne fait. Depuis le début, nous programmons des artistes que personne n’invite dans le secteur. Nous avons eu beaucoup de comiques, d’artistes YouTube et, du coup, nous avons vu arriver un nouveau public jeune ».
Un beau programme pour les 10 ans
La programmation pour ce dixième anniversaire ne dérogera pas à la règle avec Glenn Miller, Obispo, Thomas Fersen, Dave, Stéphane Eicher, les Négresses Vertes, des artistes comiques comme Isa Doumbia, Fabrice Eboué, Malik Bentalha. Il y aura aussi les spectacles soutenus par l’ED&N avec Véronique Poisson, Time Top Tramp (Tribute de Supertramp), RKF (Rock for Kids) ou encore un apéro boost avec Dr Boost. Pierre-Jean Ibba, le presque quinquagénaire directeur de l’ED&N, ne s’interdit personne et certainement pas les artistes “oubliés” par le microcosme parisien. « De quel droit je devrais décréter qu’un artiste est nul, périmé, ringard ? Mais tant que je serai là, Dieudonné ne sera pas programmé. Bertrand Cantat, on s’est posé la question, ça ne s’est pas fait pour d’autres raisons ».
Les secrets d’une programmation
L’économie d’une salle comme l’ED&N est fragile et les artistes sont souvent gourmands, alors elle signe avant que la cote de l’artiste ne grimpe. Il faut parfois faire des paris comme ce fut le cas pour Claudio Capéo, que l’ED&N a soutenu avant qu’il n’explose sur la scène nationale. Le coût de la programmation à l’ED&N tourne autour de 100 000 € à l’année, ce qui, pour près de 50 concerts, ne permet pas des cachets stratosphériques dans une enceinte limitée en places. L’équipe de l’ED&N (une dizaine de salariés) et les bénévoles présents les soirs de concert donnent une âme à la salle, la location du lieu aux CE et entreprises fait bouillir la marmite, et le succès de la programmation tient de la recette de cuisine, du réseau et parfois aussi un peu de la chance. Un passage télé réussi et les billets décollent ; un concert raté et des réseaux qui flinguent ont l’effet inverse…
Mais l’ED&N a de beaux jours devant elle. « Aujourd’hui la culture au niveau volume et chiffre d’affaires est passée devant le secteur automobile », précise Pierre-Jean Ibba. Et les projets ne manquent pas : « Nous travaillons sur la programmation d’un ED&N-Fest, un festival de trois jours en clôture de la saison (mai) avec des groupes locaux, mais aussi sur une revue satirique made in Sud-Alsace ».
Pierre Alain
L’ED&N
20a rue Jean de la Fontaine, Sausheim
03 89 46 83 90
www.eden-sausheim.com