[Dossier du mois] Manurhin sous le giron des Émirats Arabes Unis

Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 7 juin 2019

En juin 2018, Manurhin, qui fut leader mondial de production de lignes d’assemblage de machines de cartoucherie, était placé en redressement judiciaire. Si ce fleuron de l’industrie française a finalement été repris par le groupe Emirates Defence Industries Company, son avenir est toujours incertain

10 millions d’euros réinjectés
En juillet 2018, six dossiers de reprise étaient déposés auprès de la Chambre Commerciale du Tribunal de Grande Instance de Mulhouse. Parmi eux, Edic, le consortium industriel public de la défense des Émirats Arabes Unis. Il obtient en août 2018 la reprise de Manurhin. L’Emirates Defence Industries Company a expliqué vouloir créer une filiale française au capital de 10 millions d’euros. Somme qui, dans un premier temps, devait permettre de redémarrer et d’acheter les fournitures nécessaires pour relancer la production de Manurhin. C’est notamment cette capacité financière qui a fait pencher la balance en faveur d’Edic. Le groupe a également indiqué au tribunal qu’il avait les moyens de financer les besoins futurs de Manurhin jusqu’à hauteur de 35 millions d’euros.

Préservation des emplois
La Chambre Commerciale a donc accordé à Edic le fonds de commerce, le carnet de commandes – d’environ 100 millions d’euros – et la jouissance des biens. Edic prévoyait de préserver 104 des 145 emplois restants – une trentaine de salariés avait déjà démissionné depuis juin 2017, date du placement de l’entreprise mulhousienne en procédure de sauvegarde. L’Emirates Defence Industries Company avait aussi un projet sur trois ans de commande de lignes de production de machines de cartoucheries d’un montant de 60 millions d’euros.

Une situation aujourd’hui précaire
Le groupe Manurhin – aujourd’hui rebaptisé Manufacture du Haut-Rhin – fête cette année son centenaire. Mais cet anniversaire ne sera pas célébré en grandes pompes. Selon nos confrères de l’Alsace, l’avenir de l’entreprise est, pour l’heure, incertain. La société haut-rhinoise emploie actuellement 80 salariés, mais aucune machine n’est sortie de l’usine depuis près d’un an et aucune nouvelle commande n’a été enregistrée. Joint par téléphone, le groupe nous a indiqué ne pas vouloir communiquer, étant en pleine restructuration. Restructuration qui semble encore floue. Autre élément préoccupant, les têtes dirigeantes de la Manufacture et d’Edic quittent le navire. Les salariés, eux, sont très inquiets quant à leur avenir.

Magali Santulli

Manufacture du Haut-Rhin
15 rue de Quimper à Mulhouse
03 89 62 30 00