Comment le centre-ville de Mulhouse est devenu l’un des plus dynamiques de France

Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 15 novembre 2018

Mulhouse en 2011 compte le plus de locaux vacants que partout ailleurs en France. Sept ans plus tard, la cité du Bollwerk fait figure d’exception et va même à contre-courant de la tendance nationale avec un taux de vacance de 8% alors que certaines villes en affichent 25%.

Frédéric Marquet

L’exemple mulhousien se résume en quelques chiffres : en 2011, le taux de vacances affiché au centre-ville mulhousien est de 14%. On dénombre 109 friches commerciales dans un hyper-centre qui compte 600 à 700 pas de portes commerciaux. En 2018, le taux de vacances a baissé de 44% et s’est stabilisé autour des 8-9%, alors que certaines villes dans l’Hexagone plafonnent à 25%. « Aujourd’hui, nous sommes à 446 ouvertures sur le centre-ville depuis 2011 avec un rythme de deux ouvertures pour une fermeture (241 fermetures) », explique Frédéric Marquet, ancien élu chargé du commerce et qui en 2011 a décidé de troquer sa casquette de politique contre celle de “manager du commerce”. Il faut faire un petit rappel historique : en 2008, à l’occasion d’assises du commerce, avait été abordée cette idée de manager du commerce. Un poste qui existait déjà ailleurs en France. Dans le cadre du programme Mulhouse-Grand-Centre lancé par le maire Jean Rottner et son équipe (36 millions d’euros d’investissement pour améliorer le cadre de vie, le commerce, le logement, l’accessibilité et les animations), ce poste avait été validé et ouvert le 1er janvier 2011.

Une montée en gamme des commerces
Comme le décrit Frédéric Marquet, « nous avons travaillé sur plusieurs axes. Il a fallu redéfinir une stratégie pour redynamiser le centre en travaillant avec la CCI, les associations de commerçants et même les agents immobiliers. Il a fallu que l’on se rejoigne autour d’un même objectif, à savoir la volonté de monter en gamme et de nous diversifier ». Autre axe : « c’était le développement commercial, c’est-à-dire prospecter les enseignes nationales qui pouvaient nous intéresser sur Mulhouse et accompagner les porteurs de projet indépendants pour leur faciliter les ouvertures mais avec un leitmotiv : apporter un plus en termes d’attractivité ».

Des mesures qui semblent payer, en témoignent de très bons chiffres. En 2016, Mulhouse était une des seules villes à connaître plus d’ouvertures que de fermetures : « Depuis 2011, on est à une moyenne de deux ouvertures pour une fermeture, et on est passé de plus d’une centaine de locaux vacants à une soixantaine. Les trois quarts des ouvertures sont le fait d’indépendants, mais on a aussi des grandes enseignes comme la boutique espagnole de décoration Muy Mucho, qui a choisi Mulhouse pour sa première implantation française, ou le retour de Bagelstein qui avait fermé il y a quelques années ». Au mois d’avril 2018, l’entreprise de livraison de repas à domicile Deliveroo s’est également installée dans l’ancienne cité ouvrière, qui rejoint la vingtaine de villes françaises où est présent ce service.

L’ère des “concept stores”
En attendant, ce sont les jeunes entrepreneurs locaux qui tirent leur épingle du jeu, comme Tilvist, un “coff’tea shop” qui a fait son apparition en septembre 2016, reprenant des locaux vacants depuis six ans. Autre réussite Le Temps d’une pause, “concept store” dont la terrasse donne sur une fresque murale éphémère, à quelques mètres du Starbucks et de la rue du Sauvage. Mais signe que Mulhouse aujourd’hui intéresse ce sont les installations de Flying Tiger qui ne voulait pas venir avant 2023, ou Repetto, unique enseigne dans tout le Grand-Est. L’adjointe en charge des commerces, Nathalie Motte, concède également qu’il y a encore une marge de progression : « Ce serait bien d’avoir une homogénéité des horaires des commerces, et surtout une dynamique nocturne. Avec des dispositifs comme le “Jeudi oui”, l’idée est de créer des passerelles avec la vie nocturne justement, en ouvrant les commerces jusqu’à 20h ». Un challenge pour une ville moins étudiante que Strasbourg et qui a longtemps souffert d’un syndrome de “ville morte” dès la nuit tombée. Pour le manager le message est simple : « Il faut capitaliser sur les atouts du centre en attirant des enseignes apportant un vrai plus. C’est ce qui nous permettra de lutter contre l’attractivité qu’exercent les zones commerciales en périphérie. Il faut offrir autre chose »

La menace d’un village de marques
Mais la bataille n’est pas gagnée et des menaces planent avec un projet de village de marques. « Il a déjà été refusé sur Sainte-Croix-en-Plaine. Mais il est toujours dans les cartons du côté d’Ensisheim. C’est un vrai risque pour l’équilibre de nos commerces et l’activité commerciale du territoire ».

Pierre Alain

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