Une matinée au centre-ville de Mulhouse: les commerçants continuent à se battre
Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 13 juin 2020
Voilà près de dix jours que les commerces ont pu réouvrir leurs portes. Gilbert Stimpflin, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Grand Est, est allé à la rencontre de ces acteurs du centre-ville de Mulhouse vendredi 12 juin au matin.
LC2, Ligne S, Brin de Folie, librairie Bisey, Quai des Brunes et enfin, Weinberg… Le programme était dense, ce vendredi matin. Gilbert Stimpflin et sa délégation ont pris cette matinée du vendredi 12 juin, pour voir comment se porte le moral de ces commerçants du centre-ville. Des commerçants qui font face à la crise sanitaire actuelle du mieux qu’ils peuvent. Et si les chiffres ne sont pas au beau fixe, tous semblent en tout cas bien décidés à se battre.
« Maintenant, il faut du monde dans les rues »
Tenue par Olivia, l’enseigne Brin de Folie a de quoi mettre du baume au coeur à quiconque passe le pas de la porte, entre le sourire de sa gérante et les produits colorés qu’elle propose. «Nous avons tous dû passer ce cap difficile, alors on garde le sourire, glisse-t-elle. Et puis les restaurateurs sont dans une situation bien pire que la notre. » Brin de Folie est une enseigne toute jeune. Olivia a ouvert sa boutique le 15 novembre dernier. «J’ai connu une belle période avant les fêtes, un mois de janvier mitigé et puis il y a eu le Covid-19 et la fermeture, en mars. Heureusement, il y a eu la fête des mères! On sent également la différence depuis que nous sommes passés en zone verte. L’autre chance que j’ai, c’est de pouvoir compter sur mes fournisseurs. J’ai ramené la marque Pylônes sur Mulhouse. Une marque française. Et tous ces objets bizarres que vous voyez là, c’est une marque italienne. Ce sont des partenaires qui tiennent la route et qui ont prouvé une fois de plus, que je pouvais compter sur eux. La joie on l’a. Maintenant, il faut du monde dans les rues. »
« Quand on est en bas, on ne peut que remonter »
Changement de décor, direction le prêt à porter. Robert Soussan possède quatre commerces en centre-ville, dont Quai des Brunes. Il est à la fois locataire, à la fois propriétaire. « Nous avons bien marché à la réouverture mais les affaires s’essoufflent, glisse le patron à Gilbert Stimpflin. Les gens sont angoissés, sous pression. Aujourd’hui, personne ne triche. Nous avons tous besoin d’aide. Notre chiffre d’affaire nous sert à financer les stocks. Cela fait trois mois que je négocie avec mes fournisseurs qui eux aussi, ont des problèmes économiques! » Un peu plus loin, galerie des Maréchaux, Françoise se sent bien seule dans sa boutique Weinberg. « Mes produits touchent les 60 ans et +. C’est une clientèle qui a peur. Je porte pourtant le masque en continu, j’ai du gel hydroalcoolique. Tout est fait pour ne prendre aucun risque. Mais bon quand on est en bas, on ne peut que remonter », relativise la gérante.
1200 livraisons et 1100 nouveaux clients en avril pour la librairie Bisey
Luc Widmaier n’a pas eu de dimanche depuis plus de trois mois. Le gérant de la librairie Bisey et ses 13 salariés ont «cartonné » pendant cette période. «Trois idées ne m’ont jamais quitté: garantir le salaire de mon personnel, sauver la trésorerie de la libraire et sauver la boîte », souligne-t-il. L’équipe de la librairie Bisey a ainsi mis en place un système de livraisons pendant le confinement, à raison d’un centime de frais de livraison. « Ce n’était pas rentable mais nous avons fait des heureux, glisse Luc Widmaier. Je pense que nous avons sauvé l’une ou l’autre personne et franchement, je suis fier que nous l’ayons fait. Nous livrions nous mêmes, dans un rayon de 40km. » Un pari gagnant. Sur le mois d’avril, la librairie Bisey a assuré 1200 livraisons et gagné 1100 nouveaux clients. « Cette période compliqué a soudé l’équipe et ce n’est pa la moindre des vertus, lâche encore Luc Widmaier. Tout le monde s’est montré volontaire. »
« On ne baisse pas les bras »
Au LC2, le chiffre d’affaires a plongé à -40%. Effet coronavirus mais aussi météo… « On ne baisse pas les bras, assure Hervé Barthelmebs, son patron. Nous avons repris au complet. Je n’ai mis personne au chômage partiel. J’ai envie que cela reprenne! Et ne pas avoir assez d’effectif est un très gros risque. Le pire serait de ne pas assurer une qualité de service du client par manque d’effectif… » Ce qui manque aussi au patron, c’est l’impossibilité de pouvoir organiser des événements. Aujourd’hui, Hervé Barthelmebs reçoit même des coups de téléphone de groupes de musique prêts à venir jouer gratuitement en terrasse. Une problématique que ne manque pas de souligner Patricia Vest, présidente de l’association Coeur de Mulhouse. « Nous avons besoin d’événements! Nos trésoreries sont à zéro! Cette année, nous n’aurons pas de braderie, par exemple. Nous avons besoin de faire revenir les gens dans les rues, que nos consommateurs retrouvent du plaisir. Une belle vitrine ne sert à rien si personne ne passe devant… »
« Concentrer les efforts »
Patricia Vest et Sophie Julien, directrice de l’association de commerçants Les Vitrines de Mulhouse ont continué à oeuvrer pendant cette période de confinement. « Nous nous sommes montrées présentes au quotidien, pour nos quelques 280 adhérents, souligne Sophie Julien. Nous avons investi de l’humain et du temps. Nous leurs donnions les démarches à faire, nous avons distribué des masques, essayé de mettre des actions concrètes en place… Mais aujourd’hui, il est urgent de réactiver le flux a centre-ville.» A l’écoute, Gilbert Stimpflin, lui, appelle à avancer tous ensemble et à « concentrer les efforts ».
Emilie Jafrate