Réussir, échouer, rebondir : conférence à la Société Industrielle de Mulhouse

Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 21 mars 2013

Jean-Denis Budin


La conférence qui a eu lieu ce 20 mars avec 3 chefs d’entreprises témoins fut animée par Jean Denis Budin, auteur d’une thèse imposante sur la manière dont le chef d’entreprise vit l’échec. Il est banal de dire que la vie est faite d’échecs et de réussite. Dans le milieu sportif de haut niveau, les athlètes en échec sont pris en charge par tout un entourage : médecins, psys, coachs sportifs. Ce n’est pas le cas du chef d’entreprise qui est pénalisé financièrement et souvent humainement quand il connaît des difficultés. L’objet de la conférence avait aussi pour but de présenter le projet de Centre Résidentiel de Kientzheim, destiné aux chefs d’entreprise désirant faire une pause pour réfléchir à leur situation professionnelle et personnelle.
Comment gérer son attitude face aux échecs liés à la vie de son entreprise, alors que le regard des autres change et que l’on perd pied ? En peu de temps, Jean-Denis Budin livre les axes essentiels :
– d’abord par la prévention, en faisant un auto-diagnostic santé, sommeil, résistance au stress lors de problèmes personnels ou professionnels,
– en anticipant sur les difficultés de la vie : un chef d’entreprise doit penser à sa propre succession en cas d’accident,
– attention au chef d’entreprise qui n’a pas de rôle commercial, en cas de difficultés il ne négocie pas forcément bien avec ses partenaires, fournisseurs et clients,
– il ne faut pas se contenter de voir son expert-comptable une fois par an, mais suivre de près sa trésorerie et carnet de commandes,
… et enfin il faut prendre plus de 4 semaines de vacances par an et faire du sport.
Des témoignages qui ont touché le public
Ont suivi les témoignages très personnels souvent émouvants de Benoît Basier (Corderie Meyer Sansboeuf) qui a surmonté une maladie grave et de nombreux obstacles lors de la reprise de cette entreprise alors en difficultés, de Gilbert Decker, ancien Président de la Sodiv, qui a essayé de retarder le plus possible son départ en retraite et qui y a été poussé par des accidents cardiaques, et Maître Claude Maxime Weil, administrateur judiciaire, qui s’est révélé être très différent de certains de ses collègues parfois qualifiés de fossoyeurs d’entreprises, et qui a montré que beaucoup plus d’entreprises peuvent être sauvées qu’on ne le croit.
Deux interventions de la salle ont souligné l’importance du sport, un dérivatif puissant qui permet d’évacuer les tensions, voire de se créer un réseau social sans enjeu particulier. Sas de décompression entre vies familiale et professionnelle, une pratique sportive régulière donne de l’énergie et facilite le quotidien.

Une conférence salutaire
L’assemblée constituée à quasiment 90 % d’hommes autour de la cinquantaine a été visiblement secoué par plusieurs rappels concernant la fragilité de la vie et l’arrivée de problèmes de santé qui peuvent changer la donne du jour au lendemain. Il a aussi apprécié le discours déculpabilisant de Jean-Denis Budin, qui souligne que les 3/4 des échecs en entreprise sont dûs à des problèmes commerciaux et humains (mésententes notamment). La mauvaise gestion est très minoritaire. Par ailleurs, il s’avère que les chefs d’entreprise qui ont eu des problèmes graves dans leur vie sont aguerris et encaissent mieux les chocs. Il en va de même pour ceux qui ont une vie personnelle riche, une activité sportive régulière et sont bien entourés. Le problème vient souvent du fait que le chef d’entreprise ne sait pas bien recharger ses batteries, sa fatigue amplifie les difficultés et le fragilise d’autant plus. La plupart du temps, il ne parle à personne de ses problèmes, ressasse ses soucis et prend des mauvaises décisions. Le burn out n’est pas loin.
Le projet de Centre Résidentiel de Kientzheim
Installé dans l’ancien site du lycée japonais, il a pour but de proposer aux responsables d’entreprises des « stages » de 3 jours en immersion complète, comprenant 15 heures d’entretien individuel et des séances collectives de partage d’expérience pour comprendre son attitude face à l’échec et éventuellement l’anticiper. Des équipes pluri-disciplinaires (médecins, experts-comptables, avocats, administrateurs judiciaires, etc.) seront au chevet de l’entreprise… et de son dirigeant. Ce projet nécessite 2 millions d’investissements et le conférencier a fait appel aux chefs d’entreprises pour participer à son financement.
En savoir plus
Le 8 juin 2012, Jean-Denis BUDIN a obtenu le titre de Doctor in Business Administration de l’Université de DAUPHINE à Paris, après avoir fait de la faillite de sa propre entreprise une thèse, intitulée : Les histoires méconnues des chefs d’entreprise en difficulté : à la recherche des facteurs clés de succès dans l’échec. il est aussi dirigeant à temps partagé et enseignant à l’Ecole de Management de Strasbourg.
Pour se procurer sa thèse (29 euros) ou se renseigner sur le projet du Centre résidentiel de Kientzheim, contacter p.budin@datp-conseil.com