De journaliste à conseiller politique
Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 5 février 2014
Jean-Luc Mano conseille des hommes politiques de haut rang dans toute la France, après une carrière de 25 ans en tant que journaliste politique. Invité par Entreprises et Médias d’Alsace, il s’exprime sur ce métier de la communication pas comme les autres.
C’est de mise dans ce secteur : Jean-Luc Mano reste très discret sur l’identité de ses clients hommes politiques, et se défend d’être un “spin doctor” ou un gourou. Plus du tiers de son activité est consacré à cette clientèle, le reste est composé de grandes entreprises (Coca cola France, 118 218 ou encore la Française des Jeux) ou de médias étrangers. La communication de crise est sa spécialité, chose souvent utile en politique… Passionné, il dévore les rubriques politiques des journaux chaque jour et a suivi durant des années l’actualité politique, notamment pour TF1, il a approché les hommes et femmes politiques au quotidien. La voie était tracée pour devenir conseiller en communication politique. Lors du premier contact avec son futur client, il passe plusieurs heures à l’interviewer sur sa vie et sur tous les aspects utiles au travail commun, pour pouvoir anticiper les questions et attaques possibles lors de la campagne. Jean-Luc Mano privilégie les clients en accord avec son éthique personnelle, mais pas forcément de son bord politique. Il conseille ses clients sur ses messages, mais aussi sur la forme : la gestuelle, le ton, l’expression, y compris les techniques de déstabilisation de l’adversaire… sont travaillés avec le candidat.
La nouvelle donne de la communication politique
Le contexte nouveau est lié à l’information rapide sur le net et aux réseaux sociaux : il est impossible à un homme politique de mentir, en tout cas pas longtemps. « Il n’y a plus 10.000 journalistes, mais 6 millions, ce qui pose d’autres questions, notamment éthiques. Tout se sait, et surtout ce qui autrefois pouvait être caché ». En cas de crise, Jean-Luc Mano conseille à ses clients de voir la situation en face (« surtout pas de déni ! »), même si des erreurs sont commises. « Il y a une vraie demande d’honnêteté dans l’opinion publique ». Mais honnêteté ne signifie pas transparence : « Je ne suis pas un militant de la transparence. La transparence absolue, c’est totalitaire ! ».
L’enjeu des municipales
Les élections municipales sont un enjeu politique local, peu influencé par le contexte national, surtout dans les grandes villes dirigées par des personnalités. Le trio des préoccupations exprimées par la population est dans l’ordre : la fiscalité, la sécurité et le devenir de la ville, ses projets d’avenir. « Nous recommandons à nos clients d’axer leur action sur les demandes des citoyens. Mais un homme politique doit parfois résister à l’opinion publique pour faire passer ses convictions ». Le conseiller doit conserver la bonne distance, et laisser au candidat sa marge de liberté et de doute, tout en l’aidant à mettre ses idées en valeur. Et de conclure sur les limites du métier : « La communication peut valoriser une bonne politique, en revanche elle ne peut pas sauver un mauvais projet… ».