Les métiers du bâtiment confrontés à l’envolée des prix et à la pénurie des matériaux de construction… La FBTP68 tire la sonnette d’alarme

Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 22 avril 2021

C’est un secteur qui recrute, avec près de 200 emplois ouverts rien que sur le Haut-Rhin, et pourtant, la Fédération du BTP68 et son Président Etienne Barilley tirent la sonnette d’alarme. Tous les métiers du secteur se trouvent confrontés à la pénurie des matières premières et à la flambée de leurs prix.

C’est un message d’alerte à destination de la maîtrise d’ouvrage publique et privée que souhaite faire passer la FBTP68. Les métiers du secteur sont confrontés à une envolée des prix. L’acier a augmenté de 50% en trois mois, le prix du bois a quasiment doublé entre la fin d’année 2020 et avril 2021, le zinc a pris 22,2% en un an et le cuivre accuse une augmentation de 28%. Aucun matériau n’échappe à cette flambée de prix, du PVC à l’aluminium, en passant par la ferraille, la quincaillerie, les produits sanitaires, le polystyrène, le plâtre, les matières synthétiques, les enduits et les revêtements de sol. Une situation exceptionnelle, bien loin de l’augmentation du prix des matériaux annuelle de 2 à 7% selon les produits.

Pénurie de matériaux et délais de livraison accrus
L’autre problématique est la pénurie de matériaux. Les délais de livraison se sont accrus de 50 à 100%. Les entrepreneurs doivent désormais attendre 6 à 8 semaines lorsque les commandes ne sont pas tout simplement annulées par les fournisseurs. En parallèle, le coût des livraison a lui aussi augmenté. « Ils font payer de nouveaux services, souligne Etienne Barilley, président de la FBTP68. Sur les chantiers, les entrepreneurs ont l’habitude de se faire livrer en plusieurs fois pour éviter l’encombrement, le vol aussi bien que la casse. Ce service était avant naturel et gratuit. Il est aujourd’hui facturé. »

Séverine McElroy, dirigeante d’UPC Construction, Hauser Eder Peinture à Mulhouse et Blauel à Hésingue

Séverine Mc Elroy, dirigeante d’UPC Construction, Hauser Eder Peinture et Blauel
Séverine McElroy est à la tête de trois entreprises: UPC Construction et Hauser Eder Peinture à Mulhouse, Blauel à Hésingue. Que ce soit la plâtrerie, la peinture ou le revêtement de sol souple, ses trois coeurs de métiers sont directement impactés. « Nous avons un délai de six à huit semaines pour nous fournir en plaques de plâtres. Elles n’existent plus dans les dimensions voulues. Résultat, nous les coupons et nous produisons davantage de déchets. Nous rencontrons les mêmes problématiques pour la peinture. Si nous ne pouvons plus nous fournir en matière première, alors nous ne pourrons plus faire travailler nos salariés, alarme-t-elle. Le premier confinement a fait peur à tout le monde avec l’écho d’une crise sans précédent et beaucoup d’usines ont fermé… »

Muller Rost, à Wintzenheim
A Wintzenheim, Sébastien Muller dirige la société Muller Rost, une entreprise de métallerie qui emploie une soixantaine de personnes. Un secteur qui accuse une hausse de 50% des prix de l’acier et près de 60% en terme de délais de fourniture. « En 2020, au début de la crise sanitaire, les producteurs ont fermé leurs Hauts fourneaux, explique le dirigeant. Le vrai redémarrage n’a eu lieu qu’en septembre avec une demande d’acier croissante de la part de tous les pays. Nous ne savons pas comment vont fluctuer les prix de l’acier. Dans ce contexte-là, se positionner sur des appels d’offres est aujourd’hui périlleux. »

Etienne Barilley, Président de la Fédération du BTP du Haut-Rhin

Les appels de la FBTP68
Face à ces retours terrain, la FBTP68 a mis au point une série de recommandations à destination des entreprises, des donneurs d’ordre ainsi qu’à Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance. « Nos entreprises doivent prévoir des clauses de révision des prix sur les bons indices », souligne Etienne Barilley. La Fédération a également écrit aux principaux donneurs d’ordre publics ainsi qu’au Préfet et aux parlementaires du Haut-Rhin pour les sensibiliser et ouvrir la discussion. «Il va falloir accepter de réviser les prix. Les entrepreneurs ne le font pas pour le plaisir. Ignorer cette réalité économique conduira à l’infructuosité dans les appels d’offres des marchés publics et privés. » Concernant le message adressé à Bruno le Maire: « rendre l’indexation des prix obligatoire n’est pas une option. Il n’est pas impossible que ces fortes variations s’inscrivent dans la durée, qu’elles deviennent notre lot quotidien. Or, nous ne pouvons pas prévoir l’envolée des prix ».

Emilie Jafrate