Du reconditionnement de stocks de coton invendables: la concrétisation de l’Ecologie Industrielle Territoriale dans le Pays Thur Doller

Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 15 juin 2021

La mission EIT (Ecologie Industrielle Territoriale) portée par le Pays Thur Doller a constitué le trait d’union entre l’entreprise Hydra Beauty & Clean à Moosch, l’ESAT de Cernay et la Banque Alimentaire du 68 à travers une opération de re-valorisation de stocks de coton invendables.

Une dizaine de palettes de disques et de boules de cotons bios sont arrivés à l’ESAT-EA Saint-André de Cernay pour être reconditionnés. Des stocks invendables dont disposait l’entreprise Hydra Beauty & Clean installée à Moosch. « Ce coton était voué à être détruit, explique Guy Monnier, Directeur adjoint de l’ESAT. Les sachets, biodégradables, s’effritent au toucher. Tout l’enjeu était de savoir comment les reconditionner de manière individuelle pour que le volume corresponde au cahier des charges de la Banque Alimentaire 68. Pour nos salariés, le geste du coton est simple. La répétition des gestes est rassurant.» L’ESAT emploie des personnes en situation de handicap mental avec une philosophie du travail adaptée. « Chacun avance à son rythme. Nous avons un moniteur encadrant par équipe d’une dizaine de personnes. Chaque personne travaille là où elle se sent à l’aise. Nous n’imposons pas de cadence. »

Une ergonomie adaptée à chaque mission
L’ESAT dispose de véritables savoirs-faire. Endress Hauser est leur principal client. Une équipe de huit travailleurs handicapés oeuvre sur leur site de production pour un total de plus de 500 000 pièces assemblées chaque année. Pour le groupe Waterair installé à Seppois-le-Bas, leurs missions varient de l’ensachage de visseries à la découpe de brides en passant par le câblage de lampes aquatiques. DS Smith Plastics & Packaging font également appel à leurs services pour assembler près de 15 millions de pièces par an. «A chaque mission, nous réfléchissons à l’adaptation de l’ergonomie des postes », souligne Guy Monnier.

Un label Ecocert pour travailler les produits bios
Nouée avec Hydro Beauty & Clean et la Banque Alimentaire du Haut-Rhin, cette mission de reconditionnement de coton va encore plus loin. Installés en zone blanche, les membres de l’ESAT disposent chacun d’une tâche bien précise: ouverture des sachets, pesée du produit, mise en boîte, plastification, conditionnement. « Nous disposons, depuis trois ans, du label Ecocert qui nous permet de travailler en bio », précise Guy Monnier. 3000 lots de produits d’hygiène vont ainsi pouvoir être redistribués par la Banque Alimentaire 68. Ces transferts ne demanderont pas de circulation de camions supplémentaires, ils se feront lors de leurs livraisons dans la Vallée de la Thur et donc en fret retour.

Synergie entre voisins
Un cercle vertueux avec, pour fil rouge, Frédéric Hall, animateur de cette mission d’Ecologie Industrielle Territoriale. Un animateur touché par la tournure qu’a pris cette aventure. « J’ai senti une belle envie de toutes les parties. Cette expérience a abouti à une véritable synergie entre voisins. Ces produits prennent une nouvelle dimension. Ils étaient voués à la destruction. Au final, ils passent entre les mains de ces personnes qui ont ce besoin de travailler pour se sentir valorisés et ils terminent entre les mains de personnes pour qui le coton est normalement un produit de luxe qu’ils ne peuvent s’offrir en temps normal », glisse Frédéric Hall. Ce dernier ne manque d’ailleurs pas d’idées pour l’avenir. Un projet se profile déjà autour de mandrins utilisés dans les entreprises textiles.

Emilie Jafrate