La Petite Manchester, la folle aventure engagée de Nathalie Methia autour de l’Industrie, de l’Education, du textile, et de l’humain
Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 28 juillet 2023
Créer des passerelles entre le monde de l’Industrie et celui de l’Education par le biais du textile, telle est la raison d’être de La Petite Manchester. Un projet mis sur les rails en 2015 et porté depuis par Nathalie Methia. Un projet engagé et humain qui attaque l’ultime étape de son développement.
Tout commence en 2009. Enseignante en arts appliqués, Nathalie Methia plaque tout pour partir dans l’industrie. Un besoin de concret, de compréhension aussi. Elle entame alors une thèse dans l’Industrie. « J’étais à la croisée de ces deux mondes, et je ne comprenais pas pourquoi est-ce qu’il n’y avait pas de relève créative pour l’industrie », explique-t-elle. Après sa thèse, Nathalie Methia retourne dans l’Education Nationale, forte de ce nouveau bagage. Et pour répondre à ce manque, elle lance le projet La Petite Manchester. Un outil pour relier Education et Industrie.
Chantier d’insertion
La Petite Manchester, c’est d’abord un chantier d’insertion. Ce chantier d’insertion emploie 13 salariés. Ils intègrent l’entreprise pour deux ans, à raison de quatre contrats de six mois renouvelables. « Ils apprennent en produisant tout un tas de choses, précise Nathalie Methia. Et tous les objets fabriqués dans nos ateliers, de la trousse à l’essuie lunettes en passant par des sacs sont issus du réemploi. » La Petite Manchester est en effet engagée dans le recyclage du textile et des matières souples selon la stratégie des quatre ‘’R’’: réduire, réutiliser, recycler, re-fabriquer. « Nous essayons de capter les gisements des industriels du territoire. »
Le Relais Est a créé une collection upcyclée « Les Surcyclés du Léopard » dont la petite Manchester est en charge de la confection (couture) des pièces. La Petite Manchester transforme et customise les pièces selon le cahier des charges du Relais EST puis les pièces sont vendues dans le réseau de boutiques du Relais EST et au pop-up store « Les Surcyclés du Léopard » au 1 rue du marché à Mulhouse jusqu’au 31 octobre 2023.
Plateau technique et filière design
Et puis la Petite Manchester engage une nouvelle étape de son histoire. L’« école-fabrique » La Petite Manchester se concrétise après avoir signé une convention avec le lycée Louis Armand. Un plateau technique se monte avec tous les outils nécessaires à la création et à la production. « Il fallait donner l’opportunité aux apprenants de mettre les mains dans le cambouis. Ce plateau technique était la condition pour aller plus loin », souligne-t-elle. C’est ainsi que se construit une filière design au coeur du Lycée Louis Armand.
Un Diplôme National des Métiers d’Arts et du Design ouvert à Mulhouse depuis 2021
Les lycéens et étudiants peuvent ainsi s’engager dans un Bac STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués). Une formation avec une philosophie propre. « Le recrutement se fait sur dossier. La motivation est primordiale, nous partons du projet du jeune. Ils montent en compétences d’année en année.» Un diplôme Bac+3 a complété ce cursus textile du Louis Armand en 2021, avec l’arrivée d’un Diplôme National des Métiers d’Art et du Design (DNMADE). « Nos formateurs sont des prestataires professionnels », souligne Nathalie Methia. La Petite Manchester célèbrera sa première promotion post bac en septembre 2024. Nathalie Methia met aussi un point d’honneur à susciter l’engagement et initier à la responsabilité dès le plus jeune âge. Ainsi, les maternelles sont embarquées dans le textile avec des ateliers qui leur permettent de fabrique leur propre T-shirt.
2024, l’arrivée attendue des Ateliers Partagés
2024 marque une nouvelle phase pour cette « école-fabrique ». L’étape trois du projet, qui est la création d’une filière textile inclusive. Cette ultime étape est celle des ateliers partagés. Un lieu complémentaire à l’école et à la fabrique. Un lieu intermédiaire aussi, attendu quartier Briand. Un lieu ouvert à tous les porteurs de projets, mais aussi aux habitants du quartier qui auraient une idée. « Nous avons accompagné un Géorgien qui avait tout pour réussir : diplômes, compétences, qualifications… tout ce qui lui manquait pour se lancer, c’était la maitrise du français. » Dans ce projet d’ateliers inclusifs, le textile devient presque un prétexte… L’issue est d’augmenter l’employabilité de personnes volontaires. Un projet pour lequel seront embauchées deux personnes : un responsable du sas d’insertion, un responsable production et laboratoire. Pour ce qui est du développement et des innovations pédagogiques, c’est Nathalie Methia qui en prendra les manettes.
Emilie Jafrate
Photo : Nathalie Methia met le doigt dans l’engrenage en 2009. L’aventure de La Petite Manchester était alors engagée. Une folle aventure qui entame sa troisième et dernière étape.
ACI La Petite Manchester
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La Petite Manchester – Openfac
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