Orlinda Lavergne Gallery, génération graffiti
Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 21 avril 2022
En 2012, Orlinda Lavergne passe du statut associatif avec une première expérience dédiée à l’art haïtien, au statut d’entrepreneur. De la génération graffiti, elle se spécialise tout naturellement dans le street art. Orlinda Lavergne réalise son rêve en 2015, en ouvrant Orlinda Lavergne Gallery au cœur de Mulhouse.
L’art a toujours guidé ses pas. Elle-même prend régulièrement le pinceau. « J’ai dessiné quelques projets mais je n’ai pas l’ambition de m’exposer. C’est une question de pudeur, aussi », confie-t-elle. Elle a toujours nourri ce rêve d’ouvrir un jour sa propre galerie. Et ce jour a fini par arriver. C’était il y a dix ans. Une aventure entrepreneuriale qu’elle débute avec prudence et avec des artistes qui jusque-là, ne s’exposaient qu’en extérieur. « Nous avons testé ce marché par des expositions dans des Salons mais aussi chez des particuliers. Nous n’avions pas de lieu physique, nous étions une galerie itinérante. » Et la demande était au rendez-vous. En 2015, Orlinda ouvre sa galerie au cœur de Mulhouse. « C’était pour moi la ville où s’installer, par son passé industriel. Mulhouse est aussi une ville tournée vers l’art. Pour preuve son histoire avec les murs peints du XVIème siècle. »
Un équilibre entre les artistes installés et les artistes émergents
Orlinda Lavergne débute avec C215. Un artiste déjà bien installé dans le milieu. « Les artistes confirmés sont essentiels, ils nous permettent de gagner en notoriété, en crédibilité aussi. Cela nous permet ensuite de pouvoir proposer des artistes émergents », explique la galeriste. Au-delà de l’aspect stratégique, Orlinda fonctionne au coup de cœur. « Je ne suis pas un marchand d’art. Je reste une galerie découvreuse », souligne-t-elle encore. La galerie jongle entre les artistes qui répondent à une demande et les artistes qui font l’identité de la galerie, qui constituent le line-up des lieux. « Dégager de la rentabilité n’est pas évident. Il ne faut pas oublier qu’être galeriste, c’est énormément d’heures et de manutention, aussi. » Un métier dans lequel il faut également apprendre à gérer ses frustrations. « Dans ma tête, je suis libre, j’ai ce désir et cet œil de proposer des choses intéressantes et différentes, mais les artistes eux aussi ont leurs stratégies… »
Une galerie ouverte sur l’extérieur
Orlinda est également connue pour mener des projets dans l’espace public, ce qui offre une caisse de résonance à sa galerie. C’est ainsi qu’est né le projet avec l’artiste espagnol Dourone et cette fresque monumentale réalisée sur une façade de 38 mètres de haut dans le quartier des Coteaux, en partenariat avec la Ville de Mulhouse et m2A Habitat. Orlinda Lavergne Gallery est également très présente sur les réseaux sociaux, ce qui lui permet à la fois d’entrer en interaction avec les artistes mais aussi avec un nouveau public. Elle ouvre aussi ses portes aux écoles. « L’art est propice au dialogue, au lien. Les œuvres de la rue interpellent, créent des interactions. Les panneaux de Clet, par exemple, permettent d’éveiller les enfants à l’art, c’est une première porte d’entrée. Il est plus compliqué d’aller visiter des
expositions conceptuelles avec des enfants. L’art est trop frontal et direct. »
« Je rencontre des personnes qui aiment l’art comme je l’aime »
Les artistes confient leurs œuvres à Orlinda en dépôt-vente, pour une durée de six mois à un an. Une année peut se passer entre l’arrivée de la pièce et la rencontre avec son acheteur. « Si je ne la vends pas, c’est que la rencontre ne s’est pas encore faite. » Les 35/55 ans composent la majorité de sa clientèle. « Cela dépend aussi des artistes. Avec KEF ! , j’ai touché un public de sexagénaires. J’ai quelques enfants qui viennent avec leurs parents pour une sérigraphie. » Des ‘’artlover’’ qui, comme Orlinda, ont l’art dans la peau. « Ce qui est fabuleux, c’est que je rencontre des personnes qui aiment l’art comme je l’aime. Elle les nourrit au quotidien. Ils ne voient pas l’objet comme un élément technique, mais comme investi d’une valeur symbolique. Un jour, un client m’a dit que l’art était un risque canapé. C’est vrai. Lorsqu’on achète un canapé, il ne prendra jamais de valeur, il va en perdre même. Une œuvre d’art, au mieux, en prendra. Après, bien sûr, l’utilité est différente. »
Coussins d’artistes à collectionner
Par sa boutique en ligne, Orlinda a déjà pu envoyer des œuvres jusqu’à Singapour, aux Etats-Unis aussi. Elle a récemment lancé une production de coussins textiles liés aux œuvres d’art qu’elle propose. Orlinda Lavergne envisage de déménager son showroom – lorsque l’opportunité se présentera – pour y installer son concept de boutique de coussins rue des 3 Rois à Mulhouse et bénéficier de locaux plus spacieux ailleurs.
Emilie Jafrate
Orlinda Lavergne Gallery
33, rue des Trois Rois, Mulhouse
09 50 89 59 93
orlinda.gallery
Orlinda Lavergne Gallery