La Boutique Myrtille de Silvia Della Contrada, précurseur de la seconde main à Mulhouse depuis 1994
Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 10 février 2022
Le prêt-à-porter de seconde main est son cheval de bataille depuis près de 30 ans maintenant. Passionnée de mode, Silvia Della Contrada a été précurseur dans le domaine. Elle a ouvert les portes de sa Boutique Myrtille en 1994, à Mulhouse.
Elle n’avait que 20 ans lorsqu’elle a fait le choix de se lancer dans la boutique de prêt-à-porter féminin de seconde main. « J’ai travaillé dans le vêtement neuf mais on pense en collection, ce qui rend le métier linéaire. D’ailleurs, quand vous voyez les défilés Chanel, Gauthier, c’est beau, prestigieux, mais vous ne verrez jamais une femme s’habiller ainsi dans la vie de tous les jours. Une femme, c’est une identité et la seconde main offre une palette de possibilités si large, qu’elle permet à chacune de se révéler. Comparé au neuf, la seconde main ne connaît pas de routine.»
« À l’époque, j’étais une révolutionnaire, aujourd’hui, je suis un dinosaure »
En 1994, conquérir une clientèle avec de la seconde main est un véritable défi. Lorsqu’elle ouvre les portes de sa boutique, tout était à faire. Le dictat de la mode était alors bien ancré dans les mœurs et l’uniformité était de règle. « À l’époque, j’étais une révolutionnaire, aujourd’hui, je suis un dinosaure, lâche-t-elle avec humour. La seconde main a toujours existé, dans la noblesse en Angleterre, notamment. Au décès d’une personne, la famille se partageait les vêtements, parce qu’on avait conscience de leur valeur. C’était naturel. » Silvia a dû mener un important travail d’éducation, auprès de sa clientèle. « Ce qui est mettable n’est pas forcément vendable. Certaines personnes ont encore du mal à le comprendre. Le pire c’est la fourrure. Chez nous, elle ne part pas. Il en va de même avec des chaussures usées et marquées par le pied. La seconde main, ce n’est pas l’appât du gain, le cash. Nous n’avons pas de panier moyen, par exemple. »
« Une chasse au trésor »
La seconde main, c’est un état d’esprit, celui d’offrir une seconde vie, de remettre en mouvement un vêtement resté jusque-là enfermé dans une armoire. Un vêtement qui pourra sublimer et faire plaisir à une autre femme. Pousser les portes de la Boutique Myrtille, c’est entrer dans une bulle dans laquelle le temps s’arrête. « C’est une chasse au trésor, sourit Silvia. Et il ne faut jamais reporter un coup de coeur au lendemain. » Budgétairement parlant aussi, laseconde main permet de s’offrir de belles pièces. « J’ai d’ailleurs une dame qui s’arrêtait chaque jour sur le chemin du travail. Elle a commencé à renouveler sa garde robe à prix doux, en s’offrant des pièces de marque comme du Gucci ou encore du Hermès. Un jour, elle est entrée en me racontant que ses collègues masculins la boudait, pensant qu’elle avait eu une promotion… Pour le même budget, le même train de vie, elle était parvenue à s’offrir de pièces qui n’étaient pas à sa portée en neuf. Elle a ensuite donné le tuyau à ses collègues. »
Le rendez-vous des bonnes nouvelles
Les anecdotes ne manquent d’ailleurs pas. La Boutique Myrtille soufflera bientôt sa 30ème bougie et sa gérante, Silvia, en a vu passer, des générations. « Nous en sommes à la troisième », sourit-elle. La seconde main s’est depuis démocratisée. « Avant, cela se faisait en toute discrétion, on n’osait pas en parler. Aujourd’hui, certaines de mes clientes entrent pour faire des cadeaux à leurs belles filles qui ne jurent que par le seconde main. » La Boutique Myrtille est aussi devenue le rendez-vous des bonnes nouvelles, celui des annonces de naissances, des réussites d’examens… « Une cliente revient entre Noël et Nouvel An avec sa fille – partie faire des études ailleurs – pour quelques heures de shopping chez moi. C’était un magnifique moment de complicité.»
Une nouvelle vitrine chaque semaine
Piquée de mode, la commerçante a misé sur l’éclectisme et s’attaque à la qualité des vêtements qu’elle installe en rayon. Tous les sept jours, Boutique Myrtille affiche une nouvelle vitrine. « Ce qui me booste au quotidien, c’est de mettre des paillettes dans les yeux de mes clientes. Je savoure tout particulièrement lorsqu’une cliente revient chez moi et porte un vêtement acheté chez Myrtille.» La seconde main n’est cependant pas de tout repos. Les dépôts se font sur rendez-vous. Chaque article est soigneusement sélectionné. Dans cette bulle, il faut prendre le temps, d’où l’amplitude horaire proposée. Boutique Myrtille est ouverte six jours sur sept avec deux jours coupés en deux en accord avec ses clientes. Silvia a également créé les premières soldes de la seconde main. Et chaque fin de solde est un moment très particulier. Silvia vérifie chaque dossier, le ferme et remet le tout dans des sacs recyclés pour les remettre à ses déposantes. «Je nettoie tout et on repart de zéro avec cette excitation de ne pas savoir ce qui nous attend. »
Des tenues pour les grands évènements
Le bonheur sera à nouveau à son comble lorsque l’événementiel reprendra durablement. Silvia pourra alors à nouveau relever de nouveaux défis, comme trouver une pièce pour un anniversaire à thème, répondre au besoin d’une cliente en passe de se marier… « Les mariages sont des moments magiques pour moi aussi. Des mamans de mariées viennent me voir, en recherche de conseil pour dégotter la tenue qui les rendra belles. De mon côté, j’ai besoin de connaître la couleur de la robe de la mariée. Il faut penser aux photos ! » Au fil des années, Silvia Della Contrada a su conquérir le cœur et la confiance d’une clientèle fidèle.
Emilie Jafrate
Boutique Myrtille
8, rue Poincaré, Mulhouse
03 89 56 43 76