Giom Von Birgitta, la terre, sa thérapie
Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 9 mars 2022
Rien ne le prédestinait à devenir artisan artiste. Mais c’est finalement au détour d’un tour de potier qu’il a trouvé sa voie. D’une thérapie, il en a fait son métier. Giom Von Birgitta a choisit de se lancer dans des objets utilitaires pour « mettre du beau et du fait main » dans n’importe quelle maison.
« Vous voyez ce saladier? Eh bien vous l’exposez dans une galerie sous des lumières adaptées et cela devient une œuvre d’art inaccessible pour la grande majorité des gens, qui ne poussent jamais les portes de ce genre d’endroit. Le jour où j’aurais vendu 1000 tasses, cela voudra dire que j’aurais touché près d’un millier de personnes qui toucheront ma création chaque jour », glisse d’emblée l’artiste. Depuis 2018, Giom Von Birgitta expérimente. Il lui aura fallu attendre trois ans pour atteindre ce qu’il recherchait.
Port Anna et Bronze, ses deux collections
Giom Von Birgitta est aujourd’hui le papa de deux collections. Une collection Port Anna à travers laquelle il mêle céramique et terre de Dordogne. Son émail, coloré, n’est ni vert, ni bleu, mais de cette couleur propre au Golfe du Morbihan. À force d’expérimentations, il est également parvenu à créer un émail de couleur bronze, qui a donné le nom à sa deuxième collection. La troisième, elle, est en gestation et elle sera rouge. Une couleur complexe à mettre au point. Chacune de ses collections est un hommage à un lieu, une rencontre, un endroit, un moment clé de sa vie.
De l’utilitaire aux œuvres d’art
Artisan, Giom Von Birgitta aime les projets hors des sentiers battus et élabore des objets sur mesure. En septembre dernier, il participe ainsi à une performance à l’occasion d’un banquet signé Marc Haeberlin. « J’ai réalisé 600 assiettes, installées, retournées, sur une table. C’était un an de travail, de recherche de texture, de forme. L’artiste est venue avec une idée, il a fallu lui donner vie. J’étais là en assise technique et c’était magique! » Il a également réalisé des œillets, un système d’arrosage installé au cœur des jardins partagés du Crous (centre régional des œuvres universitaire et scolaires), à Mulhouse. C’est dans cette optique là aussi qu’est né le projet du nœud papillon en accord avec Eugénie Design, ou encore ce jeu d’échec qui mêle les essences de bois de son voisin d’atelier David à son émail. « Ce sont des projets sans pression, juste pour le plaisir de l’exploration ! »
Des petites séries réalisées artisanalement
Economiquement parlant, Giom Von Birgitta a adopté la vente directe, à l’atelier ou via sa boutique en ligne. Ses créations sont également disponibles dans des boutiques pleines de charme, comme l’Artichaut à Mulhouse, la Cour des Arts à Saint-Dié des Vosges, la Place des Filles à Nancy ainsi que chez le fleuriste Xan à Metz. Giom von Birgitta vient même de débarquer à Sélestat, à l’Amandier, un salon de thé vegan qui vient tout juste d’ouvrir. « L’idée n’est pas de démultiplier les boutiques parce que je souhaite continuer à travailler par petites séries et artisanalement. Il est important pour moi de garder la maîtrise. »
Une aisance technique pour des explorations artistiques
Cet épanouissement est le fruit d’un long chemin. Sa première vie professionnelle, il la passe au cœur d’offices de tourisme et de lieux de culture prestigieux, sous le nom de Guillaume Colombo. Sa dernière aventure s’arrête dans le Périgord, aux grottes de Lascaux, après avoir managé une équipe de 120 personnes. De nombreux écueils ont eu raison de lui. Il lui a fallu faire le deuil de cette expérience, se remettre en question aussi. « Je suis parti sans rien. J’avais l’impression d’abandonner mon équipe. C’était pour moi un échec, j’étais au plus bas. Trois choses m’ont permis de tenir le coup : mon psy, mon permis moto et la céramique. Elle était ma motivation, celle qui me permettait de me lever le matin. » Il a dû faire face à de nombreux blocages, avant d’oser montrer son travail et postuler à Motoco. En cartésien qui se respecte, il se forme pour comprendre les limites de la matière et pouvoir partir dans des ‘’délires’’. Une fois encore, le destin s’en mêle et il obtient sur le fil une place au cœur du Centre Professionnel International de Formation aux Arts Céramiques puis à Créamik. En 2018, il obtient un atelier après avoir postulé à Motoco. Preuve de la qualité de son travail. « J’ai énormément de respect pour le champ artistique. » Et ce champ artistique le lui rend bien.
Emilie Jafrate
Giom Von Birgitta
Motoco, 11 rue des Brodeuses, Mulhouse
06 86 46 57 34