
Retour sur la conférence QuatreAS à la Fonderie
Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 25 mars 2015
Hier, mardi 24 mars 2015, a eu lieu la conférence organisée par le collectif d’association les QuatreAS+ à la Fonderie de Mulhouse. Le thème: Faut-il des chefs pour manager ? Animée par Sébastien Schoenecker, membre des 4AS+ et dirigeant de société, la soirée a eu l’honneur de recevoir, Laurent Marbacher, consultant sur les questions d’identité d’entreprise et natif de Mulhouse. Retour.
L’héritage industriel
« Vous n’êtes pas payés pour penser. Ici, il y a des gens qui sont payés pour ça« , disait Frederick Winslow Taylor à l’ère où les espaces-temps étaient contraints et lorsque la division du travail atteignait son paroxysme. En effet, la plupart des organigr8ammes aujourd’hui intègrent cette logique et se construisent sur un réseau de collaborateurs pyramidal.
Selon le spécialiste, la hausse des bacheliers et la remise en cause de l’autorité paternelle y est pour quelque chose. L’individu a davantage accru sa capacité de réflexion durant ces dernières décennies. Penser n’est plus un privilège réservé à une certaine élite. De plus, la chute de l’image de l’autorité liée au paternel au sein des foyers à fortement évoluée. Ce phénomène se retrouve également dans les entreprises où les salariés remettent plus facilement en cause la légitimité de leur patron.
« Nous avons hérité d’un monde qui s’achève (l’ère industrielle), pour aller vers un monde qui change et voir un nouveau monde qui naît », explique-t-il. Mais quel est ce nouveau monde ?
L’ère d’un nouveau management
Pour Laurent Marbacher : « Aujourd’hui, tout temps vers des lieux flexibles sans contrôle et une liberté des horaires de travail, car seul le résultat compte. Des mini-entreprises prendront peu à peu place au sein des ateliers ou des usines avec un self-management assumé où chaque salarié a une vision globale de l’entreprise, sait concrètement pourquoi il travaille, peut même dans certains cas définir son rôle en fonction de ce qu’il aime faire, ce qu’il sait faire et ce dont l’entreprise a besoin. »
Pour ne prendre qu’un exemple, Laurent Marbacher a évoqué le cas du groupe Poult, leader des biscuits en marques de distributeurs sur le marché français avec qui il a pu collaborer. Le nouveau chef d’entreprise a souhaité renouveler les méthodes de management qui régnaient dans ses usines depuis des décennies. Pour ce faire, 400 entretiens en face à face ont été réalisés pour créer un laboratoire d’idées et d’échanges sur l’autonomie au travail. Un nouveau projet d’organisation est né. Poult fonctionne désormais sans Comité de Direction et dispose d’équipes volontaires sur une sélection en diagonale (différents grades et différentes fonctions) pour les projets à traiter comme les investissements industriels. Pour le travail de tous les jours, chaque équipe, composée d’ouvriers, dispose d’un animateur de réseau lui-même ouvrier et auto-gère la qualité, la sécurité et la productivité de leur travail.
Une révolution pour le monde industriel et un nouveau management qui naît. Les résultats sont probants puisque le groupe a maintenu son taux de croissance à 17% sur un marché stagnant et une diminution du taux d’absentéisme de 60%.
Ainsi « de l’organisation de mariage classique, nous passons progressivement à celle d’un pic-nic où l’improvisation ne fait peur à personne grâce à l’auto-gestion de tous les maillons de la chaîne, où le leadership est partagé et se construit sur des relations de plain pied.«
L’expert et l’association QuatreAS+
Le collectif QuatreAS+ est un groupement de 4 associations composé par : les Dirigeants Commerciaux de France (DCF), les Femmes Chefs d’Entreprises (FCE), l’Association Nationale des DRH (ANRDH) et le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD).
Laurent Marbacher a vécu 4 ans au Chili où il a conçu et développé le premier projet de micro-crédit. Il travaille aujourd’hui pour de grands groupes français dans l’objectif de créer de nouvelles façons de travailler afin que chaque individu y trouve une place et un sens.
Sarah Meliani