À Ungersheim, l’Ecomusée, terre d’accueil et lieu d’expression de l’Alsace, en perpétuel mouvement

Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 27 décembre 2022

Il soufflera sa 40ème bougie en 2024. Conservatoire de l’architecture alsacienne à sa création, l’Ecomusée prend aujourd’hui la forme d’un village dans lequel il se passe toujours quelque chose. Aux manettes de l’association depuis le 1er mars 2019, Denis Leroy. En remise en question permanente, le directeur et son équipe propagent un souffle nouveau aux lieux.

« Une cigogne m’a lâché et je suis tombé sur l’Ecomusée », lance d’entrée avec humour Denis Leroy. Un Directeur hyperactif, qui a connu plusieurs vies professionnelles. « J’ai toujours travaillé pour l’intérêt commun. J’aime défendre des causes et me battre pour quelque chose qui a du sens », souligne-t-il. De l’Ecomusée, initialement, il ne connaissait pas grand chose. « Belle-maman en revanche en est fan. Elle a plein de photos de mes enfants avec elle, là-bas », sourit-il. C’est ainsi que Denis Leroy postule sans
prétention. « Mais j’ai d’abord fait le tour des 97 hectares, souligne-t-il. J’avais besoin de comprendre ces lieux, ses 1000 métiers, son patrimoine et son histoire compliquée. »

Du village gaulois à la terre d’accueil des savoirs

C’est ainsi qu’il finit par prendre les manettes de l’association, le 1er mars 2019. Le premier chantier a été de redonner une logique à l’organisation déjà en place. Tel un chef d’orchestre, il a mis en musique la partition de l’Ecomusée. «À mon arrivée, c’était le village Gaulois, que nous devions rendre éxogène.» La raison d’être même du lieu a été redéfinie. « Nous abritons des savoirs, l’Ecomusée est leur terre d’accueil. Je ne suis que le gardien, le concierge, de ce patrimoine. » Un lieu dans lequel le mouvement est désormais permanent.

« Un lieu animé d’un esprit vivant incontrôlable et incontrôlé »

L’Ecomusée, c’est une 30aine de permanents, une 50aine de salariés au total avec les saisonniers
et près de 250 bénévoles, dont une centaine d’actifs assidus. « Mais en réalité, le nombre de personnes tournant autour de l’Ecomusée est largement au-dessus. Ce lieu est animé d’un esprit vivant incontrôlable et incontrôlé. Nous avons le SDIS, par exemple, qui vient s’entraîner sur les maisons à colombages. L’Ecomusée est un organisme vivant qui ne s’organise pas, mais qu’on a essayé d’organiser tout de même. » Le Gabion, l’organisme de formation à l’éco-construction, a posé ses valises du côté de l’Ecomusée. C’est depuis Ungersheim qu’ils forment leurs élèves sur des maisons traditionnelles et qu’ils aident sur des chantiers de restauration.

Un plan de sauvegarde sur les 10 à 20 prochaines années

Une association à but non lucratif dont les investissements sont financés à hauteur de 550 000 euros par an par les collectivités, soit 80% de l’enveloppe globale, à 20% par l’Ecomusée lui même. Pour son fonctionnement propre, l’Ecomusée s’autofinance à 85% grâce à ses entrées, ses bénévoles et sa boutique. L’équipe travaille aujourd’hui à un plan de sauvegarde sur les 10 à 20 prochaines années. « Nous devons rénover les maisons. Elles ne sont pas faites pour rester inhabitées. N’étant pas chauffées, visitées toute l’année, elles souffrent et s’usent. »

Une hausse de 16% de la fréquentation en 2022

En 2021, l’Ecomusée était le premier musée du Grand Est en terme de fréquentation, dans la catégorie musée. Un lieu ouvert 254 jours par an et qui accueille jusqu’à 3000 personnes par jour. Avant d’entamer la période de Noël, l’Ecomusée comptabilisait déjà 175 000 visiteurs, soit une hausse de 16% par rapport à 2022 et un chiffre d’affaires en progression de 17%. Les touristes étrangers ont également fait leur retour, cette saison.

Faire grossir les événements et les concentrer sur des périodes clés

Cette année, l’Ecomusée s’inscrit également dans la sobriété énergétique. La décision a été prise d’étaler la période de Noël sur 21 jours au lieu des 31 habituels. Un véritable pari. Faire grossir ses événements et les concentrer sur des périodes clés – à l’instar des Arts du Feu – c’est la
stratégie adoptée par le Directeur et son équipe. « Cela participe aussi au changement de société.
Il ne faut pas se leurrer, nous aurons de moins en moins de voyageurs. Notre zone de chalandise
sera de plus en plus courte.
» Désormais, les activités embarquées sont payantes, à hauteur de un euro supplémentaire au prix d’entrée pour le tour de barque, de tracteur ou de manège. Un moyen d’offrir plus de justice et de roulement aux visiteurs.

La biodiversité au cœur des années à venir

La suite ? Gagner en maturité et ne pas oublier de consolider les racines de ce lieu. « Je ne suis pas dirigé par les collectivités, mais par l’individu », souligne Denis Leroy. Un lieu qui va s’orienter davantage sur le sujet de la biodiversité. Et pour ce faire, la création d’un pôle environnement avec, en son cœur, l’agro-écologie.

Emilie Jafrate

Ecomusée d’Alsace
Chemin du Grosswald, Ungersheim
03 89 74 44 74
ecomusee.alsace
Facebook : Ecomusée d’Alsace