Ils conjuguent passion et raison

Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 13 novembre 2013

Les deux frères Marc et Claude Di Giuseppantonio, patrons de SODICO, sont des collectionneurs d’art passionnés. Du nez, un bon réseau dans le milieu de l’art et leur curiosité naturelle les mènent à des rencontres étonnantes. Dans le domaine de la figuration narrative et du street art, ils constituent peu à peu une collection cohérente, avec des valeurs “sûres”. Ils n’oublient pas pour autant les artistes régionaux, qui bénéficient de commandes pour leurs programmes immobiliers haut de gamme, ou qu’ils aident à exposer à art3f Mulhouse.

Le périscope, journal économique Alsace - MulhouseDès l’entrée de leur entreprise, le décor est planté : on passe devant une grosse tête de gorille en bronze découpée et plus loin on est accueilli par un trophée qui veille sur l’espace d’accueil. « Nous aimons beaucoup Quentin Garel qui a créé ce gorille. Il produit des oeuvres monumentales en bronze ou en bois qui ressemblent à de vrais squelettes d’animaux, éléphants, girafes, rhinocéros… », explique Marc qui, débordé l’instant d’avant, prend le temps de commenter une vidéo où l’artiste explique sa démarche. Tout à coup, le stress du bureau a fait place au bonheur d’évoquer une prochaine rencontre avec l’artiste et le succès de ce sculpteur de 33 ans qui n’arrive plus à produire au rythme des commandes. Cette adrénaline, c’est celle de la passion, celle de dénicher des pépites, de les voir grandir, de les admirer chez soi. « Nous achetons des oeuvres que nous ne pouvons pas toujours exposer chez nous, faute de place, mais il est très difficile de se séparer d’une oeuvre qu’on aime. Alors on les stocke, et on les expose tour à tour ». Ventes aux enchères, salons d’art contemporain, galeries : les deux frères bougent dans tous les endroits où les artistes émergent, pour connaître les valeurs, sentir le marché et participer au grand mouvement de l’art.

Achat spéculatif ou coup de coeur ?

Pourquoi acheter des oeuvres d’art ? Les deux frères s’accordent pour dire que le moteur premier, c’est le coup de coeur pour l’artiste et son oeuvre. Et qu’ensuite arrive le filtre de leur culture personnelle ainsi que les conseils de professionnels, galeristes ou commissaires priseurs. Claude précise : « Nous ne voulons pas forcément gagner de l’argent avec nos achats, mais surtout ne pas en perdre. C’est un investissement pour notre famille. Et au passage, nous participons à l’ascension d’un artiste. Sur le marché, nous sommes des collectionneurs moyens, plutôt prudents, mais nous avons je pense un bon instinct et savons souvent repérer les talents émergents quand leurs oeuvres ne sont pas encore trop chères ». Ainsi, outre Quentin Garel (qui va exposer des grenouilles sur la Place de la Paix en cours de rénovation à Mulhouse), l’artiste street art El Seed ou le photographe Erwin Olaf font partie leurs coups de coeur. L’investissement se fait à titre personnel car « l’argent de l’entreprise va d’abord dans l’entreprise », ce qui ne les empêche pas de faire appel à des artistes régionaux dans le cadre de leurs constructions.

Des collectionneurs attentifs aux artistes régionaux

Pour leur siège social ou la construction de ces résidences haut de gamme, Sodico fait régulièrement appel à des artistes. Ainsi, Sébastien Haller a réalisé 65 mètres de fresque métallique perforée et laquée pour habiller la partie basse d’un immeuble de prestige à Colmar. Le sculpteur Louis Perrin a créé une clepsydre pour le Domaine du moulin à Illzach et Jean- Christophe Przybylski a conçu un mur d’images sur le thème de l’argent, imprimé sur toile pour l’un des bureaux du siège de l’entreprise. « Au-delà, nous nous sommes lancés l’an dernier dans la découverte de nouveaux talents en offrant la possibilité à de jeunes artistes d’exposer sur un stand que nous réservons au Salon Art3F Mulhouse (voir page 5) », explique Marc toujours à la recherche de coups de coeur. Les dossiers parviennent à Sodico, et une fois sélectionnés, les jeunes artistes exposent gratuitement.

Le périscope, journal économique Alsace - Mulhouse - sodico

Claude et Marc Digiuseppantonio devant une fresque de Jean-Christophe Przybylski sur le thème de l’argent…

L’Alma leggo, ou quand le pari immobilier rejoint l’art

Le projet est osé, « mais nous bâtissons avec passion », insiste Claude di Giuseppantonio. Sur le quai de l’Alma à Mulhouse, les deux frères veulent construire des logements haut de gamme dans un bâtiment original, sur deux piliers avec des terrasses décalées et un geste architectural qu’on attend peu dans ce quartier. « Cela peut être l’occasion de susciter des initiatives dans cette zone proche de la gare et d’où on a une très belle vue ». Ce pari architectural est l’expression d’une entreprise qui aime le risque, le talent et un art de vivre où l’esthétisme est constamment présent.

Béatrice Fauroux

carre-jaune-okContact : SODICO, 23 rue Jean Mieg à Mulhouse | 03 89 52 82 00 – www.sodico.fr

 SODICO, lors de la première édition du Salon art3f en 2012, offrait la possibilité à de jeunes créateurs d’exposer sur un stand commun, après sélection sur dossier. Ce mécénat est reconduit par l’entreprise cette année.