Projets Fonderie : Les participants à L'Apériscope donnent leur avis
Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 15 mai 2014
L’Apériscope du mois de mai s’est déroulé, le 14 mai, dans l’un des bâtiments de l’ancien site de la SACM de Mulhouse nommé la Menuiserie. Ce bâtiment sur 3 étages va être le lieu d’une transformation surprenante afin d’y accueillir 36 lofts, un restaurant et des bureaux avec, face à lui, deux futurs lieux de l’innovation mulhousienne: le KM 0 et le FabLab. Le quartier de la Fonderie a donc tout pour devenir « the place to be ». Mais qu’en pensent réellement les professionnels présents à la présentation des ces projets mulhousiens ?
Quartier dynamique, bâtiment d’architecture, haut-lieu de l’innovation, les personnes présentes lors de l’Apériscope ont entendu bon nombre de choses de la part des responsables du projet. Mais y croient-ils vraiment ? La rédaction est partie à leur rencontre pour en savoir davantage.
L’enthousiasme du projet
Bon nombre de personnes sont véritablement enthousiasmées à l’idée de ce projet d’envergure à l’instar de Baptiste G. de Solutia Saint Louis : « Oui, il faut y croire ! Ce sont des bâtiments inutilisés et notre ville comportent beaucoup d’individus qui savent bien travailler mais qui malheureusement s’en vont à Bâle. Il faut donc tout faire pour les retenir dans notre ville. Cela créera des emplois aussi bien dans la rénovation des bâtiments que dans le secteur de l’innovation et du numérique (KM 0 et FabLab) afin que ce lieu devienne un pôle important dans la région mulhousienne. »
Cette idée positive qui permettra à moyen-terme la renaissance du quartier Fonderie ravit Jacques Alix, Directeur de l’Association Sinclair. Il estime qu’à travers ce projet Mulhouse va refaire vibrer l’ancien poumon de la ville tout en étant en accord avec son époque. Il explique : » je travaille dans l’univers du handicap et la notion de pluri-habitat me plait bien, car toutes les strates d’une société se retrouvent en un même endroit avec une harmonie de richesse et de solidarité (en référence au quartier de la Fonderie à proximité, à l’UHA et aux futurs lieux d’innovations). De plus, ce bâtiment est fait sur mesure afin de retenir les personnes sur leurs lieux d’habitation. Et vivre au sein de la cité quoi de mieux ! «
Une mixité des lieux qui ne gêne visiblement pas les participants de cet Apériscope qui pensent (pour certains) que c’est une nouvelle façon de vivre en zone urbaine. En témoigne, Jean-Luc Hedrich, directeur artistique indépendant, qui croit fortement au potentiel de sa ville. Il estime que » le grand problème en France, c’est la séparation définitive au XIX ème sicèle des architectes et des urbanistes contrairement à l’Allemagne où ils travaillent ensemble. Il est important d’être ensemble comme à Fribourg qui n’est pas la plus belle ville du monde mais où il fait bon vivre ! Mulhouse doit prendre exemple sur elle. Et je sais que notre ville a un potentiel magnifique.«
Un espoir et un fort engouement s’est donc fait ressentir parmi cette soirée qui comptait au moins 200 inscrits. Néanmoins, les jumelles du prisme économique n’ont pas mis longtemps à s’enfiler chez certaines personnes qui y croient, car « il faut y croire » mais avec une certaine réticence tout de même comme Pascal Jenn, Vice-Président de la Corporation de Chauffagiste qui pense que » ce projet économique est long et compliqué à démarrer et que tout dépendra de la situation économique. »
De l’intérêt pour les lofts
» J’aime bien le concept de loft « , telle est la phrase la plus répétée lors de l’Apériscope. Le futur pour certains, vrai mixité sociale pour d’autres, ce logement à l’air d’avoir tout pour lui. Fun, grand et branché, le loft attire de nombreux adeptes depuis le début des années 2000. A l’instar de Marie Soehnlen, photographe, qui souhaiterait en acquérir un. Cependant, elle ne trouve pas les lofts de Manurhin à son goût. « Mais, j’ai l’impression qu’ici ce n’est pas la même chose. J’espère pour le projet, car j’y crois tout de même « , précise-t-elle. Un projet mûri qui a au moins l’honneur de mettre Mulhouse en avant. « Je suis muljousienne, né à Mulhouse et je défends ma ville « , déclare Corinne Bader, gérante de Bazic Dem Déménagement, ravie de constater le développement des lofts sur Mulhouse à l’instar de ceux de Bourtzwiller. Avec un petit plus pour ce nouveau quartier : la verdure avoisinante et les panneaux photovoltaïques qui plaisent aux plus écolos.
Côté prix, les 1100 euros du m2 ne sont « techniquement, pas cher du tout !« , déclare Thomas Rauser, négociateur indépendant à la FourmiImmo. Il précise d’ailleurs que la moitié est déjà vendu ce qui illustre, selon lui, l’engouement de ce type d’habitat.
Mulhouse serait-elle un frein ?
Un projet enthousiasmant, des lofts qui font rêver et une ville qui n’est pas encore appréciée à sa juste valeur. En témoigne Rémy-Benoît Meyer, gérant de la société MD Solution qui souhaiterait investir : » j’ai un collègue qui a acheté un loft à Manurhin et c’est un logement qui me plaît beaucoup. Seul bémol : la ville de Mulhouse et cette mauvaise image véhiculée. Mais les politiques font tout pour que ça aille mieux à travers des projets comme celui-ci. »
» Un projet excellent mais une ville qui ne l’est pas encore « , déclare M. Toiron, chargé de communication à Daudey Organisation : » J’ai du mal à croire que ça va devenir très actif par ici. Ce n’est pas juste avec un restaurant et peut-être une salle de sport qu’on va redynamiser le quartier. Je suis sceptique… », explique-t-il. Contrairement à M. Gatti, responsable dans la même entreprise qui estime que « le projet est top ! A proximité du centre-ville, et de commerces de proximité, ce futur bâtiment ose la mixité des lieux. »
En somme, ce sont des avis tout de même positifs quant au futur quartier de la Fonderie. Qu’il devienne la future Silicon Valley mulhousienne ou non, ce projet d’envergure a au moins le mérite d’aller de l’avant et de faire valoir la Manchester française au même titre que ses consœurs internationales.
Sarah Maria Meliani