Alain et Céline Didierjean, un couple engagé pour un élevage de brebis durable en Alsace, à travers Les Brebis de Kikou
Édition : Colmar - 15 août 2025
Installé depuis 2017, Alain Didierjean a bâti, avec son épouse Céline, un élevage de brebis en plein air devenu un véritable projet de vie. Entre éco-pâturage, vente directe et élevage de chiens de troupeau, le couple fait rimer passion, respect du vivant et innovation locale.
Il a toujours voulu faire de l’élevage. Alain Didierjean s’engage alors dans un brevet professionnel responsable d’exploitation agricole en apprentissage, qu’il mène en parallèle dans une ferme. Son diplôme en poche, le jeune homme passe une certification spécialisée dans la production de moutons, à Mirecourt. 2017 est l’année de l’installation.
Une vocation née au contact des bêtes
Le mouton s’est naturellement imposé à lui. « J’ai pu découvrir différents élevages, des vaches pour faire du comté, des chèvres élevées pour la production de fromages, les brebis à viande, les volailles… moi ce qui me plaisait dans l’élevage de brebis, c’est la conduite des troupeaux. » Alain s’oriente alors vers le mouton, un petit ruminant qui lui permet aussi de s’installer à l’herbe. « Notre race est locale, rustique et adaptée au terrain. Et puis nous n’avons pas les contraintes des bâtiments ou de la traite. » Un élevage labellisé bio en 2021.
Un départ à partir de rien
Alain Didierjean part d’une feuille blanche. Les premières lignes s’écrivent sur les 100 hectares de terrain que lui laisse alors son maître d’apprentissage. Alain démarre avec 250 brebis. Elles sont aujourd’hui 6000 à vivre en plein air, sur près de 280 hectares. Elles pâturent toute l’année. Certaines sont sur le Bollenberg, d’autres dans des communes comme Staffelfelden ou encore Volgelsheim, mais aussi sur des sites conservatoires alsaciens et des centrales solaires. Les Brebis de Kikou, c’est un véritable projet de vie que mène Alain aux côtés de son épouse, Céline. Eux, vivent au rythme de leurs brebis. Ils ont été les premiers à proposer ce qu’on appelle aujourd’hui l’éco-pâturage.
Circuit court et lien direct avec les clients
Une exploitation qui vit aussi sur la vente de viande, en direct, de septembre à décembre. Céline se charge des plannings et le couple livre les clients ayant passé commande entre Cernay et Colmar ainsi que certains points relais. Ce qui n’est pas vendu en direct est vendue par le biais d’une coopérative spécialisée en agneau dans le Grand Est. Une clientèle composée de personnes soucieuses du bien manger et qui prennent encore le temps de cuisiner. « Nous réfléchissons à proposer une caissette modifiée avec des morceaux qui ne demandent pas à être cuisinés, ainsi que du haché. » Ils vendent 160 caissettes par an, ce qui correspond à 80 brebis. Les Didierjean travaillent également avec les cantines scolaires du lycée de Pulversheim et du collège de Soultz.
Les chiens de troupeau, compagnons indispensables
Passionné de brebis, le couple l’est tout autant des chiens de troupeau. Le premier chien de leur troupeau s’appelle Inouk, la mascotte de leur exploitation. Les Didierjean ont lancé leur propre élevage de border collie. Là-encore, ils respectent le cycle naturel de leurs chiens. « Notre première portée est née l’an dernier. Nous n’en ferons qu’une seule par an, en cohérence avec le bien-être animal. Ce sont des lignées de travail. » Des chiots qui ont trouvé un foyer auprès de sportifs mais aussi à destination de concours de chiens de troupeau. « La déclaration de troupeau est un moment magique, captivant. Le chien se révèle. Nous n’effectuerions pas ce travail sans eux. Ils sont nos collègues, nos binômes. En cinq minutes, tout le monde est rangé. Lorsqu’on les met au contact des brebis, vers deux, trois mois, on voit déjà si ce sera un encercleur ou un pousseur. »
Un projet autour de la laine ?
Le couple aimerait valoriser la laine de ses brebis. « Nous les tondons une fois par an. Pour l’instant, nous la vendons en coopérative. L’idée serait d’en travailler une petite partie, dans la même logique que notre viande, que nos produits restent abordables en termes de budget. » Céline et Alain aimeraient également investir dans leur propre laboratoire pour pouvoir transformer leur viande et proposer différents formats. Alain et Céline Didierjean prouvent qu’un autre élevage est possible, ancré dans la terre et dans le cœur.
Emilie Jafrate
Légende : Céline et Alain Didierjean sont partis de zéro pour s’installer avec leurs brebis en 2017. DR
Les Brebis de Kikou
9, rue de l’Eglise – Rustenhart
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Facebook : Les Brebis de Kikou