Coco, dernier gardien du Café-Boulangerie Nico, une institution depuis 1901 à Rixheim
Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 18 juillet 2025
C’est un lieu comme on en fait plus. Ouvert depuis 1901, le Café-Boulangerie Nico est une véritable institution à Rixheim, et cela fait plus de 120 ans que l’histoire dure.
Bar/café d’un côté, boulangerie de l’autre, ces lieux ont traversé les décennies sans prendre une ride ou presque, ils sont restés dans leur jus. Sitôt passé la porte, il y a bien entendu le « Stammtisch », la table ronde des habitués, bien moins fréquentée désormais que jadis.
« Enfants, on se levait, on faisait des gâteaux ! »
Représentant de la troisième génération, Jean-Marc Nico est désormais seul patron à bord. Lui a repris l’entreprise familiale en 1994, aux côtés de sa sœur, Cathy et de son frère, Joseph. Si ces deux derniers sont désormais à la retraite, ils ne sont jamais bien loin, à donner un coup de main côté boulangerie ou côté bar/café. Les plus anciens les connaissent surtout par leurs diminutifs, Jojo pour Joseph, Coco pour Jean-Marc. « Et on appelait déjà notre père Emile « Mila » et notre mère Marguerite « Grittla » », s’amuse l’actuel boulanger. Logée juste au-dessus, la fratrie a grandi dans le fournil. « Enfants, on se levait, on faisait des gâteaux ! »
Souvenirs, souvenirs…
Ces lieux sont empreints de souvenirs. Un temps que les moins de vingt ans ne connaissent pas et ne connaîtront jamais. « C’était toujours plein ici, lâche Jean-Marc Nico avec nostalgie. Le lundi, on débriefait des matchs de football de la veille. » Un endroit dans lequel s’échangeaient les informations avec, parfois, des conversations qui pouvaient devenir houleuses. « Mon frère, mon père et moi étions pompiers. Nous accrochions nos tenues de feu ici, à l’intérieur du café et lorsque la sirène se déclenchait nous laissions tout en plan pour partir très vite. Notre mère prenait le relais. C’était folklorique. » Une époque aussi où Rixheim comptait cinq boulangeries. « On s’arrangeait toujours pour que deux d’entre nous au minimum soient ouverts pendant les vacances scolaires. Cela permettait aux autres de prendre congé. Il y avait un bel esprit d’entraide et de solidarité entre nous. » Une solidarité qui s’est mise tout naturellement en place aussi en 1997, lorsque le four a explosé. « Nous étions à table, et personne n’a pu manger. Nous pleurions tous », se souvient le boulanger. Aujourd’hui, les familles viennent tout simplement chercher pain et viennoiseries pour consommer à domicile, en famille. Les heures de gloire du café semblent désormais bel et bien terminées…
La folie des beignets signés Coco
Mais même après quarante ans de métier, une chose n’a pas changé, ce sont les gourmandises maison – pains et viennoiseries – réalisés par le boulanger, épaulé aujourd’hui d’un apprenti. Ses journées débutent à 2h30, chaque matin. Il propose une grande variété de pains traditionnels : aux graines, au maïs, nordique, des miches, sans oublier les Melechweckla (pains au lait). Côté viennoiserie, Coco est connu pour ses petits pains briochés d’automne avec des morceaux de pommes intégrés. Pour les palais salés, il propose des pains jambon, à commander huit jours à l’avance. La boulangerie tourne à plein régime de novembre au 1er mars. Les saisons gourmandes se succèdent, entre les manalas, les brioches de l’Avent, les galettes des rois, et les beignets, qui ont su se faire une réputation bien au-delà de la commune. « Une influenceuse a posté une vidéo de nos beignets. Habituellement, nous en produisons 600 sur deux mois. En 2024, nous en avons produit 10x plus et cette année, pour 2025, nous en avons écoulé près de 10 000. Je ne m’explique pas moi-même ce succès. Je les conçois selon la recette ancestrale, à partir de farines locales que j’améliore. » Ajouté à cela l’une ou l’autre nouveauté, comme le pain indien, à base d’oignon, de curry et d’un zeste de piment. « Mais lorsque nous proposons un nouveau produit, il faut freiner sur autre chose… », précise-t-il. Le café-boulangerie Nico fournit en pain le collège de Rixheim depuis plus de 50 ans, et livre celui d’Habsheim depuis un an déjà.
La peur de voir s’éteindre une institution
L’heure de la retraite approche dangereusement, pour celui que tout le monde appelle Coco. Et les clients craignent de voir ce commerce s’éteindre. « Moi, je ne vais pas rester ici, cela fait trop longtemps que je suis dedans », assure le boulanger. Une chose est sûre, le Café-Boulangerie Nico ne sera plus le même, le jour où le boulanger mettra un point final à sa vie professionnelle.
Emilie Jafrate
Légende : L’heure de la retraite approche à grands pas, pour Jean-Marc Nico, alias Coco, plus de 40 ans de métier au cœur du Café-Boulangerie Nico, une véritable institution installée depuis 1921 à Rixheim.
Café-Boulangerie Nico
32, Grand Rue Pierre Braun – 68170 Rixheim
03 89 44 08 18
Facebook : Café-Boulangerie Nico