La qualité de vie au travail : un vrai sujet

Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 21 avril 2017

Illustré par le CREDIR, centre de recherche et d’accueil à Kientzheim, et Sylvie Morano, psychologue du travail dans le Haut-Rhin, le sujet de la qualité de vie au travail revient régulièrement sur le tapis, en raison de la forte augmentation des burnouts et situations de stress dans les entreprises et administrations. Dossier Béatrice Fauroux.

1/ Ne vous tuez plus au travail !

Ce livre publié par le CREDIR est précieux parce qu’il est axé sur la prévention de situations à risque parfaitement identifiées, illustrées par les trois S: Suractivité, Stress prolongé et Sommeil insuffisant. Conjugués, les trois S conduisent inévitablement à un problème de santé, voire à la mort. Alarmiste, ce livre pointe néanmoins un phénomène d’autant plus dangereux qu’il est caché, parce que la contre-performance dans notre société est honteuse. Ici, tout est dit.

Le CREDIR a accueilli à Kientzheim de nombreux professionnels au bout du rouleau. Le “stage” intensif de trois jours proposé par cette association a – entre autres – fourni la matière à toute l’équipe du CREDIR pour alimenter une structure de recherche en développement permanent, le Credir Research Institute, qui ouvre des perspectives importantes sur l’épuisement professionnel. Bâtissant sa réflexion sur des données qualitatives, le livre est émaillé d’exemples d’hommes ou de femmes vivant avec une pression telle qu’elle n’est plus gérable, et ce dans un contexte où les outils numériques nuisent au sommeil.

Un livre pédagogique, émaillé d’exemples
La première partie est axée sur les dangers des situations de transition professionnelle, épuisement physique ou pertes de compétences. Des comportements addictifs aux suractifs qui ne consultent jamais de médecin, tous les sujets sont évoqués.
La seconde partie présente quelques aspects du fonctionnement du cerveau, compréhensibles par tous, mais suffisamment détaillés pour que le lecteur comprenne l’impact des situations de stress sur le fonctionnement humain. Là aussi, on lit des exemples de cadres ou chefs d’entreprise au parcours parfois tragique, d’autres fois non, car le sujet prend conscience de son état, se reconstruit et repart sur de nouvelles bases.
Enfin, les “conséquences insoupçonnées” à repérer sont autant d’indices visibles par l’entourage et qui doivent alerter, car il peut arriver que le suicide soit au bout de ce chemin alors que le sujet n’a jamais exprimé son mal-être.

La conclusion insiste sur la nécessaire prévention de l’épuisement professionnel, et se termine par un résumé à afficher partout : les 50 facteurs-clé de prévention.

Précision: Le CREDIR est financé en grande partie par le mécénat d’entreprises ou les dons de particuliers

Contact CREDIR : 8 route d’Ammerschwihr à Kientzheim
03 89 72 61 53 – contact@credir.org – www.credir.org

2/ Une psychlogue du travail spécialisée dans la gestion des crises en milieu professionnel

Sylvie Morano-Lavanoux, psychologue du travail depuis 20 ans, s’est installée à son compte voici 7 ans après avoir accompagné pendant 15 ans des salariés en cellules de reclassement, bilans de compétences et outplacements. Depuis, son cabinet de conseil “Psy en Entreprise” accompagne des salariés ou chefs d’entreprise qui connaissent des difficultés dans leur parcours professionnel: reclassement, restructuration, conflits, mauvaise gestion du stress, burnout… elle explique ici sa méthode pour prévenir – et surtout guérir – ce type de risques psycho-sociaux.

« De manière générale, j’accompagne des salariés et / ou dirigeants en difficultés dans le contexte professionnel. Je propose un soutien psychologique et accompagnement sous forme de prestations collectives (cellules de crise, analyse de la pratique etc.) ou en individuel (consultations aux cabinets sur l’ensemble de la région Alsace). L’un de mes objectifs est d’identifier les nœuds et de contribuer à les dénouer», explique Sylvie Morano-Lavanoux qui affirme viser l’efficacité avant tout : le format moyen d’une intervention est de 10 séances, rarement plus, pour apaiser des situations de stress et remettre une équipe ou une personne sur les rails.

Un accompagnement en trois étapes
Première étape de l’accompagnement : l’échange avec le salarié ou le chef d’entreprise, pour comprendre exactement la situation et les problèmes ayant impacté le travail (mode de fonctionnement de l’entreprise, traumatisme, etc). La seconde étape est plus personnelle, puisque Sylvie Morano-Lavanoux va explorer l’histoire familiale de l’intéressé(e) et essayer de comprendre quels sont les conditionnements anciens pouvant éventuellement conduire au mal-être dans l’entreprise. « Il est clair que certaines personnes règlent des problèmes personnels au sein de l’entreprise, ou adoptent des comportements sans rapport réel avec l’enjeu, on peut essayer de prendre du recul ». Enfin, troisième étape, la psychologue spécialisée en accompagnement post-traumatique peut utiliser une thérapie brève : l’EMDR, basée sur les mouvements oculaires qui impactent positivement le système nerveux central. Ce type d’accompagnement permet d’apaiser sensiblement les maux liés aux burnout, perte de confiance en soi, mauvaise gestion du stress, troubles du sommeil, etc.

Sylvie Morano-Lavanoux

Alléger le fardeau
A force de rencontrer des situations humaines en entreprise, Sylvie Morano-Lavanoux saisit assez vite le profil de son interlocuteur. «Il y a des chefs d’entreprise très protecteurs, ou qui se sur-responsabilisent. Il y a le harceleur, le sanguin… Des situations humaines se ressemblent souvent, tout en étant uniques ». L’approche est bienveillante, et globale : elle concerne l’individu dans sa totalité. Le but de de ce soutien psychologique est d’alléger le fardeau, en finir avec la prise de contrôle de l’émotionnel, et avec elle les conséquences comme l’urticaire, les ulcères, la boule au ventre… « A la base, il y a toujours des peurs. Il faut se libérer de toutes les peurs», conclut Sylvie Morano-Lavanoux qui dit vivre de belles expériences dans des entreprises où des services entiers étaient bloqués, et repartent du bon pied, une fois les malentendus levés. « Cependant il faudrait développer davantage la prévention des risques« , regrette-t-elle.

Sylvie Morano, 06 15 01 48 28 – www.psy-en-entreprise.com/