Dossier Imprimeries

Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 12 mai 2010

Le secteur de l’imprimerie a beaucoup souffert de la dernière crise économique, alors qu’elle subissait déjà la progression du numérique et de principes écologique. Conséquence : on imprime beaucoup moins de papier depuis quelques années. Les sociétés les plus fragiles ont disparu, de 10.000 imprimeurs en France voici 15 ans, on n’en compte plus que 4.000 aujourd’hui, et ce n’est pas fini… le secteur vit quotidiennement des disparitions d’entreprises ou des rapprochements. Dans ce dossier, quatre imprimeurs du secteur ouest expliquent comment ils répondent à ces enjeux.

 I. L’imprimerie Centrale : proximité et disponibilité

Pascale de Franceschi

Pascale de Franceschi

Pascale de Franceschi évoque une conjoncture marquée par l’incertitude, avec des tirages moins importants et des tarifs à la baisse. Mais la qualité du produit fini, la disponibilité de l’équipe et certains services aident l’imprimerie à se développer.

L’Imprimerie Centrale a été touchée comme les autres par la baisse des volumes, enregistrée aussi bien auprès de la clientèle professionnelle que des particuliers. Ceux-ci fabriquent de plus en plus leurs faire-parts grâce à leur équipement informatique ou au scrap-booking, très en vogue. Par ailleurs, les grandes entreprises regroupent leurs appels d’offres au siège et travaillent moins en local, pour des raisons budgétaires. Enfin existe une nouvelle concurrence avec les auto-entrepreneurs qui passent par internet.

Un CTP tout neuf depuis fin avril

Malgré le contexte, l’imprimerie Centrale poursuit ses investissements. “Notre imprimerie date de 1872 et notre renommée est importante. Tout le monde faisait ses faire-parts chez nous. Depuis, nous nous sommes diversifiés. Machine 4 couleurs, CTP : en peu de temps, de gros investissements ont été consentis”, explique Pascale de Franceschi. Un CTP est arrivé fin avril ; cette machine permet de fabriquer les plaques d’impression : “Les fabrications de plaques ne seront plus sous-traitées, cela nous rend plus autonomes et nous permet de mieux maîtriser nos prix”. IC a aussi investi dans une machine pour le dos-carré collé, ce qui lui permet (entre autres) de proposer des prestations de finition aux autres imprimeurs. La découpe est aussi un domaine où IC est performante, grâce à un équipement qui autorise la fabrication de documents à forme particulière (comme les robracks pour le textile).
Depuis longtemps, l’imprimerie intègre un studio graphique avec une graphiste expérimentée. Elle contrôle tous les travaux et les prépare avant impression. “La plupart de nos clients n’ont pas de graphiste en interne. Nous assurons un rôle de conseil sur la forme du document”.

Mailings à la carte

Une entreprise qui a besoin d’un envoi en nombre se voit proposer toute la prestation : impression du message, personnalisation des enveloppes et du courrier, mise sous pli, dépôt à la poste sur la base du fichier livré par le client. Le nombre d’envois peut aller de 200 à 10.000 pour bénéficier des meilleurs prix. “Le nombre de demandes dans ce domaine progresse constamment, les entreprises n’ont pas le temps de faire leurs mailings”.
Et elle conclut : “La qualité du travail, de l’impression et un niveau de finition soigné sont appréciés par nos clients. Les travaux qui demandent de la précision sont notre spécialité. Cela se voit à notre imprimerie, toujours propre et rangée !”, indique Pascale de Franceschi.

L’imprimerie Centrale en bref

Tous les supports papier sont traités : en-têtes, carnets, brochures, cartes de visite, affiches, liasses pour la comptabilité… du format carte de visite au format 4×3.  IC compte parmi sa clientèle une majorité de PME, quelques collectivités, institutions, et des grands groupes internationaux, ainsi que des  associations, restaurateurs, le milieu médical, des agents immobiliers…
IC travaille avec des ESAT pour des opérations manuelles (collages spéciaux) et fabrications spécifiques, insertion d’éléments dans des pochettes, etc.
L’imprimerie compte 7 personnes : directeur, comptable, commerciale, graphiste, deux imprimeurs expérimentés et une personne à la finition. Son CA est de 600.000 euros HT.

Pascale de Franceschi : Imprimerie Centrale
Tel.
03 89 42 01 15 – Site : www.icprinter.com


II. Manupa, une affaire de famille

Jean-François Zwisler

Jean-François Zwisler

L’entreprise existe sous ce nom depuis 1946, issu de MANUfacture de PApier. Jean-François Zwisler, qui a repris l’entreprise à la suite de son père, a vécu toutes les révolutions technologiques et malgré les changements, le personnel est resté fidèle à l’entreprise familiale.

Mon père, Robert Zwisler, a repris l’entreprise en tant que gérant en 1946 et y vient toujours le matin de 6h30 à 8h30. Lui aussi a connu de grandes crises lorsque les industries ont cessé de passer commande comme par exemple : le textile, la mécanique, etc.”, rappelle Jean-François Zwisler

L’œil de l’imprimeur

La diminution du CA 2009 est due à la baisse d’activité et une pression sur les prix, qui finalement ne varient pas beaucoup d’un imprimeur à l’autre. “La différence de qualité est due à l’imprimeur. L’homme sur la machine verra si la qualité est conforme et ne juge pas uniquement sur la console de programmation…”
Manupa possède une équipe qualifiée et réactive avec une grande ancienneté. “Le plus ancien de nos salariés prendra sa retraite au mois d’août, il est chez nous depuis 1972”, explique le patron qui lui-même y travaille depuis 33 ans. L’ancienneté des salariés est respectivement de 17, 27, 35, 25 ans… “ quand les gens partent, c’est pour la retraite ”, explique JF Zwisler qui travaille avec sa sœur jumelle. “ Je manipule quasiment toutes les machines de l’entreprise comme le massicot, le pré-presse et ici l’ambiance est familiale…”. Tous les dossiers passent entre les mains de JF Zwisler et rien ne part en impression sans son contrôle préalable.

Manupa a toujours été compositeur et a gardé cette spécialité (y compris la PAO) avec un compositeur sur place. L’imprimerie maîtrise aussi le façonnage : encartage, piquage, pliage, toutes formes de découpe. Le dos carré-collé et le pelliculage sont sous-traités. Manupa travaille aussi pour des imprimeurs et imprimeurs dits “en chambre”. Enfin, l’imprimerie réalise également des livres.

Manupa vit sur sa bonne réputation et son réseau de clientèle se maintient grâce au bouche-à-oreille, la recommandation, un peu de prospection… Membre du Club des Entreprises, il avoue ne pas y aller très souvent. Manupa entretient une clientèle essentiellement locale, avec quelques clients hors d’Alsace. Entreprises, collectivités, associations : Manupa compte beaucoup de clients en direct et des agences de communication.

Effectif : 13 personnes, CA moyen 1,5 M€ (sauf en 2009 avec 20% d’activité en moins)
Imprimerie MANUPA – 40 rue Jacques Mugnier, Parc des Collines, Mulhouse
Tél. 03 89 59 26 66


III. AZ Imprimerie, la croissance continue 

Pascal Kritter

Pascal Kritter

L’imprimerie créée par Pascal Kritter voici 25 ans poursuit son développement rue de l’Ill à Brunstatt, notamment grâce à la croissance externe.

Pascal Kritter est dans le métier depuis 25 ans et est à l’origine de la création d’AZ. Il témoigne de la fragilité du secteur : “Il n’y a plus de créations depuis plus de 10 ans en raison du niveau élevé de l’investissement. Ensuite, il y a la crise, les budgets de communication sont les premiers touchés, et nous en vivons en partie alors des prestataires disparaissent”. Depuis le début, AZ a toujours connu la croissance… sauf cette dernière année, où l’activité de l’entreprise est restée stable.

Progresser par la croissance externe

La croissance externe qui implique le rachat d’autres entités nécessite un travail important qui se prépare plusieurs mois en amont, avec l’aide de conseils spécialisés. AZ a ainsi racheté l’imprimerie Botella à Saint-Louis, transformée en structure PAO et commerciale, la production étant centralisée à Brunstatt. AZ a aussi acquis Grafik68, l’imprimerie du centre-ville qui cible le particulier. “L’intérêt de reprendre une activité – ou les salariés d’une entreprise comme pour Laser 89 – réside dans le fait que chaque entreprise ait son réseau, son portefeuille de clientèle qui bénéficient à l’imprimerie”, indique Pascal Kritter. Par ailleurs, le patron d’AZ entretient ses réseaux, qu’il s’agisse d’engagement politique, associatif, club-service ou sportif : “Mes engagements ont toujours beaucoup aidé mon activité”, précise-t-il.

Enfin, loin de critiquer internet et le numérique, il loue ce développement : “Internet a boosté notre activité grâce à la communication et aux transferts de fichiers. Le numérique en particulier nous a permis la fabrication en petites séries. Grâce à internet, nous avons des clients sur Paris, Lyon ou Bordeaux”.
La vente en ligne sur le site de l’imprimerie prévue pour la fin de l’année ciblera le grand public ou les associations, avec des cartes, en-têtes, cartes postales et enveloppes personnalisées.

Enfin, Pascal Kritter souligne la fidélité de ses clients, qui une fois partis de la région continuent à passer commande, ce qui explique en partie que 50% du chiffre d’affaires soit réalisé hors du département 68. Par ailleurs, AZ est référencée par des groupes de grande distribution.

L’imprimerie effectue tous travaux en quadrichromie.

Elle possède un atelier interne de photogravure, de traitement des images et fabrique des plaques d’impression grâce à une machine CTP acquise début 2010. Une nouvelle machine pour le dos carré collé et une plieuse jusqu’à 12 plis arrivent en mai. Enfin, AZ est le spécialiste du faire-part via Grafik 68.
Ses clients sont des entreprises, institutions, grande distribution, associations, agences de communication… AZ imprime aussi des livres pour des écrivains ou des maisons d’édition.
L’effectif global avec les établissements secondaires (Grafik68…) s’élève à 14 personnes, pour un CA HT de 1,2 M€ HT en 2009.

Pascal Kritter : AZ Imprimerie – 8 rue de l’Ill, Brunstatt
Tél. 03 89 59 17 95
Site : www.azimprimerie.fr


IV. BPrint, trouver des niches 

Philippe Bixel

Philippe Bixel

Patron seul à bord depuis 2009 de BPRINT après un an d’association, Philippe Bixel est dans l’imprimerie depuis… 1980. Trente année de passion et aussi de combat pour adapter le métier aux tendances et aux contextes de crise.

Philippe Bixel dit d’emblée de la crise : “Nous avons enregistré un début de baisse d’activité dès 2009, ressenti surtout en 2010. Pour moi, il faut rebondir en nouant des contacts, en trouvant des créneaux les plus exclusifs possibles”.
Exemple : Bprint a conçu des pochettes à couverts (fourchette, couteau, serviette) pour les restaurants. Ces pochettes sont imprimées, pliées et collées en même temps grâce à une machine spéciale, elles peuvent aussi servir de support publicitaire. Autre idée, plus classique mais efficace : amalgamer (soit imprimer en même temps) de nombreuses cartes de visite permet d’octroyer de bonnes conditions au client sans rogner sur la marge.

Intégrer plusieurs métiers en interne

“Autrefois”, explique Philippe Bixel, “un imprimeur faisait tout : les plaques, les films, l’impression, le pelliculage, etc. Puis des ateliers spécialisés se sont créés pour ces tâches spécialisées… et aujourd’hui ces métiers disparaissent et les imprimeurs sont obligés de les réintégrer. On travaille aussi entre imprimeurs qui s’entendent bien”.
Exemple typique : le CTP (fabrication des plaques d’impression), qui nécessite un gros investissement : BPrint fait fabriquer ses plaques chez AZ Imprimerie. Idem pour le pelliculage, pour lequel le fournisseur de Strasbourg est près de Strasbourg.
Philippe Bixel, qui a des projets, prévoit de s’équiper en pelliculeuse et CTP d’ici le mois de septembre. Il affirme aussi être intéressé par les travaux à petit tirage. “Je suis plus intéressé par les petits travaux et les nombreux calages qu’ils nécessitent. Ce n’est pas imprimer qui est le plus rentable”. Ce qui l’est davantage, ce sont les travaux spécialisés. “Aujourd’hui, les particuliers réalisent leurs travaux de base sur l’ordinateur ou en reprographie et les imprimeurs sont les seuls à pouvoir effectuer les travaux spéciaux”.

Bprint a un projet de site internet pour la fin de l’année avec la vente de travaux groupés (flyers, en-têtes, cartes de visite…) dans le but de vendre sur toute la France. Enfin, Philippe Bixel est associé à un apporteur d’affaires qui assure un volume important de travail à la société.

BPRINT en quelques lignes

Ses clients réguliers pour les travaux de ville sont des PME, PMI, artisans, commerçants : en-tête de lettres, cartes de visite, tracts… Pour les agences publicitaires, Bprint effectue plus de travaux qualitatifs : plaquettes, brochures, dépliants, produits à façonnage. Parmi les clients directs, Viadom est un client important pour des catalogues, en-têtes, flyers, cartes, etc. et les catalogues en petites quantités. Des imprimeurs de la place lui confient également des travaux.
Bprint compte 7 personnes pour un CA 2009 de 980.000 euros HT. Il faut ajouter une 1 personne pour la revente des prestations : compo, PAO, objets publicitaires, panneaux, sérigraphie, soit tout ce qui est sous-traité.

BPRINT – 31a rue Victor Schoelcher – Parc des Collines, Mulhouse
Tél. 09 63 51 47 23
mail : bprint@wanadoo.fr