Auto-entrepreneur, pour quoi faire ?

Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 12 mars 2010

Le statut d’auto-entrepreneur (=A-E) semble remporter un franc succès, au vu des immatriculations 2009, au nombre de 320.000. Nous avons cherché à connaître les motivations des personnes qui ont choisi ce statut et recueilli l’avis de chefs d’entreprise expérimentés, dont le métier attire les auto-entrepreneurs.

Témoignages d’auto-entrepreneurs

I. Thierry Orbillot : statut pratique mais on manque de conseils

Thierry Orbillot

Thierry Orbillot

Voilà 15 ans que Thierry Orbillot se passionne pour l’informatique. Diplômé en maintenance informatique après une formation suivie au centre de réadaptation mulhousien (CRM), il crée à Mulhouse en juin 2009 une entreprise de services et de maintenance informatique sous la forme d’auto entrepreneur : « T.O Dépannage informatique. » Les services proposés vont en direction des professionnels, des particuliers et des associations.
Les prestations de l’entreprise sont réalisées chez le client et concernent le conseil et la maintenance informatique, le montage et l’assemblage « clé en main », l’installation et le paramétrage de logiciels software et hardware, la vente au détail de matériel informatique et des formations.

Comme il s’est trouvé récemment inactif, ce statut lui a permis de retrouver une activité principale; d’allier sa passion de l’informatique et sa volonté de devenir son propre patron.
Il y a une certaine souplesse administrative avec ce nouveau statut. De nombreux sites Internet permettent de comprendre les particularités de ce statut encore jeune, mais aussi de créer une entraide entre auto-entrepreneur”. Néanmoins, “l’administration est parfois maladroite pour apporter des conseils aux auto-entrepreneurs.”

À terme, les perspectives de développement de T.O Dépannage informatique sont l’ouverture d’un atelier et la réalisation de partenariats avec des entreprises locales pour la maintenance régulière de leur parc informatique, dans le but de devenir un sous-traitant B to B.

T.O Dépannage informatique.
3 Rue Mathias Grunewald – Mulhouse
Tél. 06 71 02 41 44
https://todepannageinformatique.blogspot.com/

II. Isabelle Perisse : l’occasion d’exercer une activité complémentaire

Isabelle Perisse

Isabelle Perisse

Isabelle Périsse a suivi une formation à l’école de commerce IPAG de Paris, avec une spécialité en marketing. Directrice de Communication au sein de la société Forenap Pharma depuis 3 ans, elle crée en juin 2009 une entreprise de conseil en communication sur Mulhouse sous le régime d’auto-entrepreneur.
Les prestations de services proposées aux professionnels sont variées : Plan de communication, relations presse, relations publiques, identité visuelle… Sa personnalité et son expérience lui confèrent de réelles compétences sur ce
secteur d’activité.

L’idée de devenir auto-entrepreneur lui est venue suite à divers conseils bénévoles qu’elle apportait à des dirigeants de petites structures…

Et aussi de la volonté d’avoir une activité complémentaire, tout en bénéficiant d’un revenu supplémentaire. “La conjoncture actuelle des entreprises ne permet pas d’augmenter les salaires, le régime d’auto entrepreneur est le moyen de donner une réponse à ceux qui souhaitent compléter leurs revenus”, explique-t-elle. Son expérience de salariée et de créatrice d’entreprise lui permet de véhiculer des conseils de qualité en stratégie de communication.

Ce statut souple administrativement est un tremplin pour la création d’une entreprise plus importante, mais cette belle opportunité donnée par le gouvernement demande un investissement personnel en temps et en énergie. Il faut savoir gérer son temps entre les activités exercées pour qu’elles ne deviennent pas chronophages ! ” conclut-elle.

Isabelle Perisse
Tél. 06 76 74 57 40.
isabelle.perisse@gmail.com

Le point de vue de deux chefs d’entreprise

III. Christian Lehr, Viadom : “ce statut crée une concurrence déloyale”

Christian Lehr

Christian Lehr

Christian Lehr, Président de la société Viadom (voir notre article en page 6) nous fait connaître son point de vue concernant le statut d’auto-entrepreneur. “Ce statut est une bonne idée, il offre l’opportunité d’exercer une activité connexe, le formalisme de création d’entreprise est rapide et simplifié, et les charges sont étalées dans le temps.”

Une couverture sociale moindre

Cependant, “ce statut présente plusieurs lacunes à savoir que c’est un régime précaire car il est moins couvrant au niveau social qu’un autre statut d’entreprise”. Il y a une perte des aides sociales, les A-E doivent sur-cotiser pour percevoir mieux que les minima sociaux (maternité, retraites, arrêts de travail…). D’autre part, les A-E ne subissent pas autant de contrôles que les autres statuts pour les assurances, les garanties… “Le contrôle doit être nécessaire pour donner une garantie aux clients”. C’est une concurrence déloyale (étalement des charges, pas de diplôme nécessaire, les prix proposés sont inférieurs au marché, en raison de l’exonération de la TVA). “Il est donc néfaste pour la professionnalisation d’un secteur, il y a des problèmes de qualification et de formation… De plus, ce nouveau statut entraîne un grand nombre d’effets pervers, comme les entreprises qui proposent à leurs salariés de se mettre en statut d’A-E dans le but de diminuer leurs charges sociales; la franchise de la TVA est avantageuse pour les A-E, mais elle se paie ailleurs ! mps.”

Une concurrence déloyale

L’exonération de charges en l’absence d’activité est exclusive au statut d’A-E, les autres régimes d’entreprises impliquent le paiement d’un montant de charges minimal. Cette différence est un indicateur de concurrence déloyale. “Les A-E devraient, après avoir atteint un rythme de croisière, passer au régime commun et être taxés comme les autres.” De plus, “ les grandes entreprises créant de l’emploi se voient pénalisées avec l’apparition de nombreux indépendants.
Pour conclure, Christian Lehr indique que : “ce système est à garder, mais à améliorer, il faut le remettre au carré et l’expliquer clairement.” Les avantages de ce statut ne devraient pas être à ce point mis en avant, alors qu’il s’accompagne de certains effets pervers souvent méconnus.

Viadom
33 rue Victor Schoelcher – Mulhouse
Tél. 03 89 33 28 28
https://www.viadom.fr/

IV. Hervé Waldmeyer : la souplesse pour les entreprises

ADC

Hervé Waldmeyer, manager de l’agence de communication Autour du Corail, implantée au Parc des Collines propose à sa clientèle des prestations globales en communication. Parmi les collaborateurs de l’agence, outre ses salariés, ADC travaille avec quatre auto-entrepreneurs.
Le fait de travailler à la fois avec des salariés et des A-E permet de constituer des pools de compétences selon la nature des projets.

Co-working

Les A-E travaillent en autonomie et participent selon leur volonté et leurs compétences à la production des divers projets de l’agence. Ils ont également leur propre clientèle et organisent leur temps entre plusieurs missions. Une particularité : chez nous, le plateau est partagé entre les salariés et les A-E, ceci permet de partager les outils de travail, les compétences, les expériences… avec une réelle souplesse pour l’entreprise. C’est ce que l’on appelle du « co-working »”.

Le marché de la communication a changé depuis deux ans, les clients sont plus exigeants, les délais s’allongent, les projets demandent davantage de temps, d’énergie et de ressources… “En tant que chef d’entreprise, ce nouveau statut m’offre divers avantages, tel qu’une diminution des charges sociales et patronales, une réelle souplesse, et l’utilisation de compétences complémentaires. L’avantage pour l’auto-entrepreneur, c’est d’avoir accès à des dossiers-clients plus importants qu’en solo et de se constituer un book pour ses propres démarches commerciales”. Cependant, “on travaille avec des partenaires, on ne peut pas leurs imposer la gestion des délais comme à un salarié. Le management de la personne est moins directif. La difficulté est de trouver des collaborateurs organisés, autonomes et compétents. J’ai la chance d’avoir de bons collaborateurs dans mon équipe, dans le domaine de la PAO et du web”.
Hervé Waldmeyer estime que ce système de travail « en pool de compétences » est amené à se généraliser.

Autour du Corail
26 rue Victor Schoelcher, Mulhouse
Tel. 03 89 44 90 10
https://www.autourducorail.net/

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342.000 immatriculations

Début 2009, Hervé Novelli met en place un nouveau statut de création d’entreprise : L’auto-entrepreneur (A-E). Principe de base : La simplification des démarches administratives fiscales et sociales. Second principe : l’accès à toute personne physique : salariés, étudiants, retraités, chômeurs, femmes au foyer… souhaitant exercer une activité commerciale, artisanale, ou libérale avec des plafonds de chiffre d’affaires (32.000 euros/an pour un prestataire de services). Le créateur possède un N° de Siren, ses charges sont calculées automatiquement (autour de 23 % pour une activité non commerciale), il tient un livre de recettes et déclare ses revenus chaque trimestre.
Le nombre d’A-E est de 342.000 au 1er février 2010, selon les chiffres fournis le 24 février par Hervé Novelli. Le chiffre d’affaires moyen déclaré par auto-entrepreneur actif s’élève à un peu plus de 3 700 euros par trimestre, soit moins de 800 euros nets par mois. 55% des A-E n’ont pas déclaré de chiffre d’affaires. La moitié des A-E sont des personnes au chômage, qui perçoivent les minima sociaux, sont en fin de droits ou inactifs.