L’irrésistible ascension d’un ouvrier

Édition : Mulhouse/Sud-Alsace - 11 juin 2012

Jean Parrot a connu l’âge d’or de PSA Peugeot Citroën, celui du plein emploi, de l’automatisation, de la lutte des classes… A l’occasion du cinquantième anniversaire du site mulhousien, cet ouvrier à la retraite revient sur ses 44 années passées au sein de la marque au lion.Le périscope - info sur mulhouse - PSA Peugeot Citroën

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Jean Parrot

Usine, famille, passion : une trinité aux résonances bien particulières pour Jean Parrot, un Franc-Comtois qui a consacré 44 années de son existence à PSA Peugeot Citroën. Ce « pur produit Peugeot », comme il aime se qualifier, a entamé sa carrière à l’âge de 14 ans en tant qu’apprenti sur le site de Sochaux. « Une fois mon CAP d’ajusteur en poche, j’ai immédiatement trouvé une place d’ouvrier spécialisé à l’outillage. Les années soixante étaient une ère faste où les offres d‘emploi pleuvaient en pagaille » se souvient-il. Ce diplôme n’était que le premier d’une longue série. Tout au long de sa vie professionnelle, il ne cessa de se former aux nouveaux métiers de la construction automobile. « Mon but n’était pas de gravir les échelons mais de m’adapter aux exigences de mon travail. Peugeot incitait ses salariés à emprunter l’ascenseur social. Les promotions sont venues d’elles-mêmes » explique Jean Parrot.

200 hommes sous son autorité

Grâce aux cours du soir prodigués par la marque au lion, il a quitté l’atelier en 1965 pour devenir dessinateur à la forge sur le site de Mulhouse. Il émet cependant une condition à cette mutation : l’embauche de sa femme Monique. « L’entreprise nous a trouvé un logement et nous a financièrement aidés à le meubler. Peugeot nous a même accordé un crédit pour construire notre maison. Ce n’était pas un simple employeur, c’était aussi un garant » assure le septuagénaire. Chef d’équipe, contremaître de nuit, agent de maîtrise, responsable du traitement thermique… Jean Parrot a eu jusqu’à 200 hommes sous son autorité. Les grèves de 68 et de 89 l’ont poussé à se reconvertir dans le management. Il a créé une unité de conseil au sein même de Peugeot où il enseignait aux chefs d’ateliers comment valoriser le travail de leurs collègues. « En période de luttes sociales, les rapports humains étaient difficiles à gérer, surtout à la forge où les ouvriers étaient cosmopolites. Il fallait donc du tact pour apaiser les tensions » remarque-t-il en riant. C’est d’ailleurs au sein de ce secteur qu’il occupera son dernier poste, celui de cadre technique et ce jusqu‘en 1998, année de sa retraite.

Une retraite sous le signe du lion

Après quatre décennies de bons et loyaux services, on pourrait penser que Jean Parrot tirerait un trait sur la société. Il n’en est rien ! Depuis 2002, il préside l’Amicale des retraités PSA Peugeot Citroën Mulhouse, composée de 1.200 membres. « La solidarité se poursuit en dehors du site. Nous visitons les anciens ouvriers malades et, lorsque le budget le permet, nous les aidons pécuniairement » affirme le Franc- Comtois.
L’association est d’ailleurs conviée aux festivités organisées ce mois-ci pour la célébration du cinquantième anniversaire du site mulhousien dont l’histoire sera contée en images.

Inès Lazibi

Journal économique de Mulhouse et environs - Le périscope : information économique mulhousienContact Jean Parrot – Amicale des retraités PSA Peugeot Citroën – Mulhouse
03 89 57 63 95

Le site en chiffres
• 1.200 véhicules produits chaque jour (Peugeot 206+, Citroën C4 et DS4)
• 317.000 voitures fabriquées en 2011
• 8.500 salariés en CDI
• 320 hectares de superficie (soit 440 terrains de football !)